Une barre sur l’horizon signalant la limite du département
La partie morbihannaise de l’ensemble de paysages des montagnes Noires ne compte qu’une unité de paysage qui correspond à leur versant sud.
Les montagnes Noires évoquent et symbolisent le centre de la Bretagne. Leur image, comme leur localisation, s’attachent aussi bien au Morbihan qu’aux départements voisins du Finistère et des Côtes-d’Armor.
Le nom même évoque un paysage. Les montagnes ne sont de fait que des reliefs assez modestes, mais la présence des conifères et la vision à contre-jour contribuent à ce qu’elles apparaissent sombres.
L’ensemble s’étend sur trois des quatre départements Bretons (Morbihan, Côtes-d’Armor, Finistère). Dans le Morbihan, les reliefs créent un véritable effet de frontière, en venant barrer l’horizon au nord du plateau de Gourin. La limite n’est pas précisément identifiable entre les deux unités, le plateau se soulevant progressivement pour former les pentes des montagnes Noires.
Un relief linéaire
Les « montagnes » sont formées d’une longue et étroite (environ 5 km) nervure de grés et de schistes d’orientation est-ouest, d’une altitude relativement modeste mais assez marquée cependant pour être considérée comme « Menez », montagne en breton.
C’est là que se trouve le point culminant du Morbihan : 299 m au nord de Gourin, à la limite du Finistère.
La chaîne de montagne est précisemment formée de deux crêtes, parallèles entre elles, et distinctes de manière physique et dans la toponymie : crête Nord constituée de schistes, anguleuse (identifiée par la toponymie :"Roc’h" = roche, rocher : "Roc’h Toullaëron" (22), "Roc’h an Aotrou" (29)...) et crête Sud plus douce, constituée de grès (Minez = mont : minez du Braz, minez du Bihan (56)...). Elles abritent un sillon central caché, peu habité, et sont entaillées perpendiculairement de cluses peu profondes qui ont permis les franchissements.
Les carrières d’ardoises aujourd’hui délaissées ont été nombreuses et ont marqué la forme des reliefs en crête, laissant des « cratères » visibles sur les cartes, mais pas sur le terrain.
Des cours d’eau discrets mais partout
Au pied des principaux reliefs prennent naissance de nombreux cours d’eau, tout particulièrement le système du Stêr Laër, qui forme le site de Gourin. Parmi les nombreuses sources, certaines sont captées.
Végétation et agriculture
La structure paysagère est assez simple. Au sommet des reliefs, les crêtes sont soulignées par la présence de boisements qui en dessinent la silhouette à l’horizon et renforcent l’effet frontal. Le bois de Conveau est l’un des plus grands, marquant la partie est du relief. On note également des étendues de landes.
Sur les versants, un bocage se présente nettement dans le prolongement du plateau de Gourin. Aux lisières des boisements, il devient moins identifiable du fait des découpes complexes et de la présence de friches.
Le bâti et les infrastructures
Il faut distinguer deux séquences : à l’ouest, les passage de la RD 301 (vers Spezet) et surtout de la RD 769 conduisant à Carhaix, associées à la présence de Gourin, occasionnent une présence assez marquée du bâti, logements et activités. Diluée autour de Gourin, dispersée le long des routes, l’urbanisation ne présente pas une structure lisible.
à l’est, le bois de Conveau sur les sommets et l’absence de routes de franchissement font que le bâti est resté organisé en modestes hameaux qui accompagnent la lisière sud du bois et sont desservis par un réseau complexe de minuscules routes souvent en impasses.
Les montagnes Noires semblent agir, du côté morbihannais, davantage comme une limite que comme un territoire à part entière. Les conditions complexes de circulation à l’est, l’urbanisation linéaire à l’ouest, ne facilitent pas la perception d’un paysage pourtant caractérisé par son relief.
Le GR 38 propose un parcours dans la partie ouest, mais reste en arrière du bois de Conveau, dont les lisières ne présentent pas de cheminement malgré le potentiel d’un paysage animé et d’un possible belvédère sur le plateau.
Végétation
Dans les plans de gestion à venir, il faudrait favoriser la présence des landes, porteuses de milieux et de paysages originaux sur les crêtes et permettant les vues lointaines, plutôt que la progression des boisements de conifères.
Le maintien de l’agriculture est nécessaire à la persistance du bocage sur les versants, aux dégagements, à la perception d’un pays vivant.
Contrôle de l’urbanisation gourinoise
Autour de Gourin, les formes très dispersées de l’urbanisation appellent un cadrage. Le long des routes, le développement linéaire nécessite d’être mieux contrôlé pour laisser les perceptions du paysage. La forme déstructurée des développements bâtis peut également justifier une recherche de « structure paysagère de l’agglomération », mettant en valeur les sites paysagers des flancs de la Montagne.
Valorisation du potentiel d’agrément
Le relief occasionnant des points de vue élevés, le bois et ses lisières, les anciennes carrières d’ardoise sont autant de qualités potentielles qui peuvent faire l’objet de plans de valorisation. Des réseaux de cheminements associés aux centres urbains, notamment Gourin, peuvent renforcer la qualité paysagère des montagnes Noires, tant pour les habitants que pour les touristes attirés par l’authenticité du centre Bretagne.