Un vaste ensemble incluant la côte et son arrière-pays
L’Armor morbihannais comprend tout le territoire situé entre l’océan Atlantique et les reliefs des Landes de Lanvaux, depuis les limites du Finistère jusqu’à celles de la Loire-Atlantique. Cet ensemble de paysages inclut les côtes elles-mêmes (y compris les îles), leur proche arrière-pays et les principales villes du Morbihan. Il est composé de vingt unités de paysage.
Sur une bande relativement étroite se rassemblent certainement les paysages les plus emblématiques, les mieux connus, les plus fréquentés et les plus peuplés du département.
Au sein même de l’Armor, on distingue nettement des sites côtiers, souvent associés à un plan d’eau de référence (golfe, ria, rade, rivière…), les principales villes du département (Lorient et Vannes), les plaines de l’arrière pays littoral et les paysages de transition vers les reliefs des Landes de Lanvaux ou la Cornouaille intérieure. Souvent d’une grande intensité, ces types de paysages se différencient nettement les uns des autres par leurs formes, leurs ambiances, et leurs représentations.
Cependant, à proximité de la côte, la vaste plaine littorale dans laquelle s’inscrivent la plupart des sites côtiers apparaît elle-même peu diversifiée, avec une moindre individualisation des unités de paysage. Avec leurs caractères agricoles et l’influence jouée par la pression urbaine côtière, elles ont de nombreux caractères communs tout en présentant des différences en termes de végétation, de relief... La distinction entre la côte et les territoires rétro-littoraux est ainsi nettement ressentie, et souvent accentuée par la ligne de la RN 165.
A l’exception de la campagne de Plouay et de la campagne de Languidic qui prolongent vers le nord la campagne de Guidel et la plaine de Pluvigner, la plupart des unités sont individualisées par les grandes vallées qui dessinent des limites franches d’autant plus sensibles que ces vallées sont, pour la plupart, des sites d’implantation d’agglomérations majeures : le Blavet entre la campagne de Guidel et la plaine de Pluvigner, où se situe Lorient ;
la rivière d’Auray entre la plaine de Pluvigner et la plaine de Sainte-Anne-d’Auray, où se situe Auray ;
le golfe du Morbihan dans le prolongement duquel s’est implantée Vannes, entre la plaine de Sainte-Anne-d’Auray et la plaine de Muzillac ;
seule la Vilaine entre la plaine de Muzillac et la plaine de Saint-Dolay, n’accueille pas d’agglomération majeure.
A proximité du littoral, les "arrières" des vastes continuum urbains marquent des limites assez floues et délitées sur les plaines. Car la plupart des villes se focalisent avant tout sur la mer et leur relation aux plaines n’est, la plupart du temps, pas clairement énoncée.
Vers le nord, les reliefs des landes de Lanvaux marquent la limite avec les paysages de l’intérieur des terres, sensible lorsque les dégagements permettent de percevoir leurs horizons.
Dans les plaines, les composantes sont dispersées, sans structure réellement marquante, à l’image de l’organisation générale des paysages du département. Du fait de la planéité du relief, il n’existe pas de points de vue permettant d’embrasser le paysage dans son ensemble et le plus souvent, les plaines n’ont pas d’horizon. L’absence de relief renforce les "effets frontaux" des composantes et ainsi la sensation d’ambiances plutôt intimes au détriment de paysages aux dégagements lointains.
Relief et hydrographie
Le relief est quasi-inexistant, malgré une différence de dénivellé entre la partie sud et le nord (5 à 10 mètres), au pied des reliefs des landes de Lanvaux (environ 100 m indiquant une légère inclinaison de l’ensemble qui n’est cependant guère sensible au cours des déplacements.
De petits affluents des fleuves irriguent de manière très discrète les plaines et sont de manière générale très peu sensibles.
Végétation et agriculture
Les composantes végétales sont diverses et inégalement réparties selon les unités. De manière générale, le végétal est très présent sous la forme de boisements morcelés et parfois de bocage. C’est un aspect majeur des ambiances perçues, le relief plat n’offrant pas de caractérisation. La végétation boisée, souvent de conifères, fait effet de bornages visuels opaques tandis que le bocage présente des structures plus transparentes. Les pins sont nombreux, sur le littoral et les plaines, accompagnant souvent les images de tourisme.
On observe une répartition assez égale des surfaces en blé et en maïs. Les prairies occupent des surfaces assez importantes.
Le bâti et les infrastructures
En dehors du trait de côte et des rivières, les développements urbains ne trouvent pas d’éléments de charpente naturelle auxquels "s’accrocher" ou en mesure de contrarier leurs étalements dans les plaines. Le développement s’est donc effectué suivant d’autres critères d’influence.
L’effet de coupure des grandes infrastructures dans la plaine
Les grandes infrastructures traversent l’ensemble des plaines d’est en ouest et desservent les sites côtiers. La nationale 165 est la route majeure de grand gabarit entre Brest et Nantes. Les infrastructures ne rencontrent aucun obstacle naturel et présentent des tracés rectilignes. Ce réseau dense reliant les pôles urbains organise un effet de rupture qui affaiblit les possibilités de continuités naturelles depuis le littoral jusqu’à l’intérieur des terres.
Un réseau d’infrastructures "servant" les pôles d’attraction
La présence immédiate du littoral influence directement les territoires situés juste à l’arrière. Alors que la côte polarise les regards et l’économie des territoires, la plaine est en position "servante" pour les sites côtiers et reste comme reléguée à un second plan. Aussi, ces plaines sont fortement marquées par les objets qui, mal acceptés sur la côte, se concentrent le long des grandes infrastructures, comme par exemple la RN 165. Ces objets bâtis peu qualifiants ponctuent tout le linéaire de cet axe très emprunté et constituent souvent le premier plan des perceptions.
Répartition du bâti
La répartition des agglomérations et des bourgs est initialement dispersée dans la plaine. On distingue toutefois deux grandes structures d’implantation :
les agglomérations desservies par la RN 165 qui ont développé des zones commerciales et d’activités pour bénéficier d’une valorisation économique ;
les bourgs de la plaine, qui ont conservé des structures plus traditionnelles, mais voient aussi un développement « en étoile » le long de routes rayonnantes.
Patrimoine archéologique et historique
Des sites insuffisamment valorisés
Les plaines littorales sont le lieu où se concentrent de magnifiques sites mégalithiques (surtout dans les plaines de Pluvigner et de Sainte-Anne-d’Auray). Ils sont malheureusement très souvent relégués au second plan des éléments de la côte (la mer, les plages, les ports...) qui focalisent l’attention.
La présence immédiate du littoral focalise l’attention et rend la plaine, par contraste, moins attractive. Ses paysages suscitent peu d’attention, ne sont pas ou peu montrés. On ne se promène pas dans la plaine.
L’absence d’horizon
Dans ce paysage très plat, le regard est arrêté immédiatement par le premier élément qu’il rencontre. Il est donc important d’en tenir compte et de soigner les paysages le long des itinéraires de parcours.
La fermeture des paysages
La végétation spontanée des abords immédiats des routes intervient sensiblement dans la lecture du paysage. Si elle ne fait pas l’objet d’une gestion spécifique, elle vient s’interposer dans la perception et cache le premier plan à l’observateur. Ces dynamiques d’enfrichement concernent aussi certaines parcelles boisées le long des routes dont la gestion d’ensemble n’est pas favorisée par le morcellement important entre les propriétaires privés.
La poursuite de l’étalement urbain le long des routes
Le grand fuseau d’infrastructures est-ouest organisé autour de la RN 165, les autres routes et la voie ferrée qui lui sont parallèles constituent des éléments déterminants dans l’évolution des développements urbains à venir. Vecteurs d’un urbanisme linéaire, les dynamiques sont plus fortes à proximité des pôles urbains (Lorient, Auray, Vannes) pour l’accueil des zones d’activités, de commerces et de logements qui souhaitent bénéficier des bonnes conditions d’accès et de visibilité qu’offrent les infrastructures.
Les conditions d’implantation constituent un enjeu majeur. Il est devenu nécessaire de mettre un terme à l’étirement des agglomérations qui entrave la bonne lisibilité des logiques d’implantation des villes dans leurs sites, et occulte la perception du paysage agro-naturel entre elles.
Mettre un terme à l’urbanisation étirée le long des routes et à l’étalement urbain en identifiant les limites des enveloppes des villages ;
en traitant ces limites urbaines de manière à qualifier davantage le sentiment d’entrée et de traversée des bourgs ;
en favorisant les développements urbains à l’intérieur des enveloppes déjà construites ;
en identifiant prioritairement les "vides" non construits dans les villages capables de répondre à des besoins futurs de développement (densification).
Organiser les perspectives
En absence d’horizon et d’ouverture (les composantes végétales ou bâties cloisonnant fortement l’espace), il faut envisager d’autres conditions de découverte et de mise en valeur du paysage.
Les perspectives peuvent s’avérer être des outils efficaces pour retrouver des effets de profondeur. Les modalités de développement urbain peuvent être envisagées davantage en accord avec elles en s’appuyant par exemple sur la structure très linéaire des routes (réflexion sur les volumétries, organisation et traitement des fronts bâtis de part et d’autre des voies, accompagnement paysager...).
Organiser les conditions d’approche et de visite des sites mégalithiques
Certains sites mégalithiques sont particulièrement dévalorisés par le développement récent de l’urbanisation et des infrastructures qui les bordent. Ces sites plusieurs fois millénaires doivent faire l’objet d’une protection et d’une mise en valeur à la hauteur de leur statut "remarquable".
Il est important que les conditions de visite soient organisées dans un cadre paysager tout aussi remarquable, tenu à l’écart des infrastructures routières avec lesquelles il entre en contradiction : réflexion sur des programmes de stationnement répondant aux fluctuations saisonnières de la fréquentation ;
qualification des ambiances, mise en réseau avec d’autres sites remarquables.
Constituer des parcours paysagers en réseau : la plaine boisée comme structure reliant les pôles touristiques
En parallèle des réseaux routiers, il serait intéressant de compléter les possibilités de parcours par un réseau de pistes cyclables reliant les pôles d’attraction touristique bordant la plaine. Ce réseau organisé en tant que tel pourrait alternativement emprunter des tronçons de chemins, de routes communales et départementales, en complétant au besoin les réseaux existants.
Valoriser les motifs agricoles et l’agriculture littorale
Les motifs de l’élevage, pour leur capacité d’animation et d’ouverture, sont particulièrement à mettre en valeur.
Soigner les abords routiers, réduire la part des boisements et des friches
Les ouvertures sont précieuses dans les plaines, il faut donc porter une attention à la gestion des abords routiers qui ont tendance à très vite refermer le paysage. Dans ce cadre et le long des infrastructures les plus fréquentées, il serait intéressant de favoriser une intervention intercommunale et des modes de gestion différenciée économiques et respectueux de l’environnement.