Des paysages de côte variés et de subtiles échanges avec les plaines.
Cette unité appartient à l’ensemble de paysages de l’Armor morbihannais
Cette portion de la côte, discrète, n’a pas été autant représentée que le golfe du Morbihan voisin. Moins connus, ses paysages réservent de belles surprises et des ambiances originales que l’on découvre plus qu’on ne les reconnaît.
L’unité de paysage de la côte de Damgan à Penestin et de l’estuaire de la Vilaine correspond à la partie du littoral comprise entre la presqu’île de Rhuys et le département de la Loire-Atlantique, incluant l’extrémité de l’estuaire de la Vilaine. Elle constitue le front littoral des plaines de Muzillac et de Saint-Dolay. Les transitions sont très subtiles avec les plaines, incertaines, dans des jeux d’ouvertures, de perspectives et de coulisses boisées prolongeant le souffle de l’océan à l’intérieur des terres.
Les composantes bâties sont moins concentrées sur le trait de côte que dans l’unité voisine de la presqu’île de Rhuys. Il existe ici davantage de relations entre le rivage et les terres.
Un paysage côtier varié
Le paysage littoral est très riche, constitué d’une alternance de pointes rocheuses, de grandes plages de sable, de côtes à falaises et de nombreux marais et mers intérieures. L’unité se décompose ainsi en plusieurs séquences aux ambiances variées : la rivière de Penerf, dont les découpes complexes succèdent au site de Suscinio. La rivière et ses affluents composent une « pénétrante marine » composée de cours d’eau et de marais comparable à la rivière d’Etel, mais plus modeste dans ses dimensions et moins boisée sur ses rives ;
la pointe urbanisée de Penerf et Damgan ;
la baie de Kervoyal, où alternent côtes rocheuses et plages, prolongée dans les terres par le marais de Billiers. La baie se prolonge jusqu’à la presqu’île de Penn Lann qui marque nettement un seuil avec l’estuaire ;
l’estuaire de la Vilaine, ou du moins l’embouchure sur l’océan, marquée par de vastes estrans où l’on élève les moules et dont la séquence se termine en se resserrant à Tréhiguier ;
la pointe de Pénestin, au paysage surprenant de falaises jaunes (surnommées "mines d’or"), que l’on n’associe pas naturellement avec les images habituelles des côtes du Morbihan. Plusieurs pointes se succèdent de l’estuaire jusqu’à la baie de Pont-Mahé qui marque la limite avec la Loire-Atlantique.
Ces fortes présences naturelles, associées à l’horizon de l’océan, connotent fortement le site d’un caractère intense et sauvage qui le rend d’autant plus attractif.
La variété des paysages appelle une grande diversité d’usages (production conchyliculture, navigation de plaisance, baignade, promenade, sports, farniente, pêche...) qui se condense autour de l’eau. L’eau elle-même est multiple : salée, douce, saumatre, calme ou agitée.
Entre terre et mer
A la diversité des paysages s’ajoute un phénomène d’enchevêtrement des composantes qui est à la base d’une interrelation terre-mer très forte. Cette sensation est renforcée par la planéité du paysage sur laquelle sont disposées les composantes végétales et bâties qui organisent des ouvertures visuelles entre la côte et l’intérieur de la plaine, inclinée de manière très douce vers la mer.
La rivière de Penerf et ses nombreux affluents organisent une remarquable mer intérieure qui devient marais, puis terre, dans un dégradé subtil, tandis que le marais de Billiers propose, lui aussi, une transition d’une grande richesse.
Un site côtier inégalement construit
L’intensité de cette unité de paysage est fédérée par la silhouette urbaine de Billiers à la position incertaine, légèrement en retrait de la côte, au bord de la plaine, et qui résonne au centre d’un environnement de bocage et de marais mêlés.
Les marais de l’estuaire de la Vilaine ont conditionné des implantations urbaines à l’écart des zones non constructibles. Hormis Billiers et les minuscules hameaux qui dessinent le bord des marais, des implantations urbaines se sont concentrées logiquement et de manière plus franche sur des promontoires rocheux, comme le site pittoresque de Penn Lann.
Damgan occupe (sous la forme d’un vaste lotissement) le front de mer disponible entre la rivière de Pénerf et l’océan et, à l’est, Pénestin signale l’embouchure de la Vilaine, dans une organisation tournée vers le fleuve, à l’abri du déchaînement des éléments.
Par contraste avec les sites côtiers voisins très construits et boisés (presqu’île de Rhuys et golfe du Morbihan) dont les paysages ont tendance à se fermer, cette unité offre davantage de perceptions des continuités paysagères entre la côte et l’intérieur des terres.
La vallée de la Vilaine, la plaine de Muzillac, la possibilité d’accès et la lecture des continuités l’inscrivent fortement dans un réseau de paysages beaucoup plus vastes.
Le maintien d’un paysage dont la qualité réside dans l’enchaînement des composantes mérite un "projet global" qui tienne compte autant des valeurs de la terre et de la mer, des espaces naturels, cultivés ou bâtis.
Les zones humides et notamment les marais sont "sensibles" d’un point de vue écologique et paysager. Leur équilibre est garant de la diversité végétale et du maintien de leur ouverture comme de leur accessibilité.
Actuellement l’ensemble de l’unité de paysage est sous protection Natura 2000.
Maîtriser la qualité paysagère des traits de côte perçus depuis les plans d’eau
Les circonvolutions de la côte portent certaines séquences en co-visibilité, ce qui renforce la question des enjeux de perception de la côte depuis d’autres points de la côte. Ceci implique de respecter les continuités paysagères qui existent entre les séquences urbanisées. Ces parties de côte non bâties ont pris une inestimable valeur collective et doivent donc être respectées et gérées. L’exemple de Damgan montre en effet les effets d’une urbanisation où les caractéristiques du paysage sont ignorées, voire gommées par des formes urbaines banales, étalées et qui ne ménagent pas de continuités paysagères.
Mettre un terme au mitage et à l’urbanisation le long des routes et adopter de nouvelles formes urbaines
A Damgan, le linéaire côtier disponible en front de mer est entièrement bâti. Les enjeux se situent donc davantage à l’arrière, vers la plaine. Les routes sont à considérer avec attention, vecteur d’un urbanisme linéaire auquel il faut mettre un terme.
Penestin est fortement touchée par des phénomènes de mitage que renforce un fond de "rideaux" de boisements.
Ailleurs, les zones inondables des marais protègent le premier plan de la côte et reportent les enjeux à l’horizon des plaines.
Les formes bâties les plus récentes principalement pavillonnaires, ont eu pour effets : de consommer de grands territoires, beaucoup plus vastes que ceux des villages initiaux ;
d’imposer aux sites naturels remarquables et très originaux la banalité de l’architecture pavillonnaire standardisée.
De tels sites appellent pourtant un urbanisme et une architecture à la hauteur de l’intense personnalité des sites. Dans le respect de la loi Littoral et des continuités paysagères, les prochains projets urbains ont à relever le défi de contribuer à la qualité paysagère, et non de l’affadir !
Constituer des parcours paysagers en réseau mettant en lien côtes, marais, intérieur de la plaine
Le voisinage de paysages remarquables (rivière de Penerf, marais de Billiers, vallée de la Vilaine, plaine de Muzillac...) positionne potentiellement la côte de Damgan à Penestin dans un vaste réseau de paysages d’une grande variété d’ambiances. Dans l’état actuel des parcours, il s’agirait par exemple de compléter les chemins existants autour de la vallée de la Vilaine, de proposer des promenades autour des marais de Billiers, sur les rivages de la rivière de Penerf, faidsnt le lien avec des parcours en direction de la plaine de Muzillac.
Valoriser et développer la maille bocagère
Le cadre bocager aux alentours des marais de Billiers est exceptionnel, c’est l’endroit du département où le motif vient le plus au contact de la mer. Ce caractère paysager est unique et indissociable des ambiances du marais et de la côte. Dans cet environnement très fréquenté, il serait judicieux d’imaginer les conditions de conservation et d’entretien du patrimoine des haies dans le cadre de promenades s’appuyant sur leur structure.
Mieux organiser les usages
Les conditions de lisibilité du plan d’eau pourraient être améliorées, en particulier les zones de mouillage, pour éviter au maximum les effets d’interposition d’objets dans les champs de continuités visuelles vers l’intérieur des terres.