Le paysage tel qu’il se découvre depuis les grandes routes du département
Les grandes séquences et événements marquant le paysage observé depuis les quatre grands axes autoroutiers qui jalonnent le Morbihan sont présentés ici en complément des portraits par unités ou ensembles de paysages. Chaque itinéraire est représenté par une coupe schématique et par les photos prises depuis un véhicule en mouvement [1]
Les infrastructures influencent fortement les paysages en tant que composantes du territoire, facteurs de formes particulières de développement urbain ; mais aussi en tant que point de vue. Les itinéraires routiers sont ainsi des axes de découverte des territoires et de perception du paysage.
Le réseau routier est autant « inventeur de paysage » [2] de par la mise en place d’infrastructures, d’ouvrages d’art, que « destructeur de paysage ». Mais il permet également la découverte du territoire et participe fortement à la mise en œuvre des continuités paysagères.
Des zones d’activités aux vallées du Scorff, du Blavet et de la rivière d’Auray
Lorsque l’on vient du Finistère par la RN 165, on entre sur le territoire morbihannais en traversant la campagne de Guidel. Jusqu’à la porte de Lorient, peu de vues lointaines sur le paysage, la campagne est encadrée par des talutages plantés. Des façades blanches d’entrepôts sans caractère, toutes perçues comme identiques, ponctuent le parcours. Un chapelet de zones d’activités marque le parcours (ZA de Kerfleury en sortant de Quimperlé, ZA de Penn Mané, ZA et ZI du Mourillon au sud de Quéven, zone d’activés de Kergalan-Bihan, prélude aux zones d’activités Ouest de Lorient).
A l’approche de Lorient, et avant toute rencontre d’éléments urbains, le visiteur est accueilli par des panneaux présentant une image touristique projetée. Un long couloir vert laisse entrevoir au loin la série de silhouettes blanches et verticales des immeubles de logements collectifs. Plus on se rapproche de Lorient, plus le nombre de ponts au-dessus de l’autoroute augmente.
Les images furtives de Lorient
L’image vantée par le panneau d’accueil de la ville de Lorient trouve son écho dans une première ouverture visuelle lors du franchissement du pont du Sac’h au-dessus du Scorff. Le regard glisse presque à hauteur d’eau sur une anse, un avant-goût de la maritimité revendiquée de Lorient et de sa rade. Cette brève découverte est quasi-instantanément interrompue par l’encaissement artificiel du tracé de la route. Vient ensuite une vue lointaine sur un étalement de zones d’activités, une longue séquence de devantures aux implantations désorganisées, une série de panneaux indicatifs routiers et d’enseignes publicitaires, dans une véritable cacophonie visuelle. Ce secteur regroupe les deux zones industrielles de Kerpont et de la montagne du Salut, les deux zones commerciales du Kerrous et de Bellevue, le parc d’exposition et les les zones artisanales de Lann Sévelin et de Kergoussel.
La zone d’activité de Lorient se mêle un peu plus loin aux zones pavillonnaires de Hennebont. On perçoit dès lors sur la ligne d’horizon la concentration des pignons blancs des pavillons.
On réintègre ensuite un couloir de végétation sombre entrecoupé de brèves ouvertures sur une campagne cultivée, puis l’on franchit en quelques instants le pont de Locoyarn. Ce moment qui nous prend par surprise nous offre, après les séquences précédentes tantôt oppressantes, tantôt fermées au paysage, une belle ouverture toute en hauteur sur la vallée du Blavet et sa rivière. Les rives sauvages s’offrent au regard qui glisse par delà la barrière. On ne voit pas d’interventions de l’homme, en grand contraste avec la longue zone d’activités préalablement traversée !
Du pont de Locoyarn à la porte de Rennes, 3 km d’accotements mités par les façades d’entreprises dont les implantations sont dispersées et clairsemées. L’intersection avec la RN24 marque la fin de la séquence Lorientaise.
A l’approche d’Auray
En direction de Vannes depuis Lorient, la végétation se fait plus présente avec des sections arborées successives de feuillus et de conifères. A moins de 30 km de Auray et pendant une dizaine de kilomètres, la bande centrale de l’autoroute est plantée d’un alignement d’arbres, affirmant ainsi le caractère boisé du territoire. L’effet s’atténue et tend à disparaître au profit de banales façades de locaux d’entreprises, à l’approche de la sortie vers la presqu’île de Quiberon. Cette sortie débouche sur l’enchaînement des « boîtes » de 5 zones d’activité successives. (Kerstran, Moustoir, porte Océane, Toul Carros, Ville neuve). Seul accès à Quiberon, cette section est coutumière des bouchons en période estivale.
Passée cette « porte », on passe le pont de Kerplouz au-dessus de la rivière d’Auray. Côté mer, une partie de la rivière avec ses vasières et ses lignes de mouillages est perceptible. Côté terre et en fond de vallée, on devine brièvement le joli port de Saint-Goustan/Auray avec ses quais, son port de plaisance et son vieux pont en pierre.
De la plaine de Sainte- Anne-d’Auray aux abords des zones d’activités vannetaises.
L’itinéraire qui contourne le secteur de Vannes présente un linéaire de façades d’entreprises, d’entrepôts, de zones commerciales, d’activités sur près de 8 km.
La sortie vers Theix comporte un dernier groupement d’entrepôts dans les tons gris sur la partie située au sud. Sur la partie nord, on retrouve l’échangeur porte de Rennes.
L’effet engendré par cette continuité des zones d’activité, sans séquence vraiment identifiable, banalise cette entrée urbaine malgré une réelle présence de la végétation dans les « délaissés ». Toute la séquence mériterait un traitement qualitatif à l’échelle et l’image de la ville de Vannes.
Au niveau de Theix, on laisse sur le côté sud de la RN165, une nouvelle zone d’activité Atlantheix.
De la plaine de Muzillac à la vallée de la Vilaine
Les villes de cette séquence (Theix, la-Trinité-Surzur, Muzillac) ont toutes développé entre elles et la nationale une large épaisseur de zones d’activités. La RN 165 est doublée par la D765 jusqu’à Muzillac
Sur ce parcours, on distingue quelques repères verticaux dont l’alignement d’éoliennes (après Theix, dans la plaine de Muzillac), le château d’eau de Toul Lann au sud de Muzillac, et les deux châteaux d’eau près du croisement de la Corne du Cerf. Après Theix, sur certaines belles séquences, l’automobiliste est au niveau du sol naturel, dans un paysage d’étangs, de bruyère.
A proximité de la ville de Muzillac, on saisit nettement le passage entre les espaces urbanisés de la ville au nord de la voie et le paysage sauvage du marais du Pont de Chaland.
L’échangeur situé au lieu dit de la Corne du Cerf, est représentatif du phénomène d’étalement urbain des zones d’activité. Il n’y a pas d’urbanité à proximité de ce lieu, mais le simple croisement des voies a stimulé l’implantation d’une zone d’activité (parc d’activités de l’Estuaire). On constate que la marge de recul respectée (notamment sur la partie au sud) n’est pas suffisante et reste anecdotique dans la perception directe des façades des boîtes.
A l’approche de la ville de Marzan, on traverse un secteur de boisement. La RD 765 est toujours présente en parallèle du tracé de la nationale.
Le franchissement de la vallée de la Vilaine marque nettement le seuil entre Morbihan et Loire-Atlantique.
La pause sur l’aire de repos de Marzan offre un point de vue remarquable sur le paysage de rivière, le pont neuf, le pont ancien suspendu et, en arrière, le front le port de plaisance de la Roche-Bernard.
Dans l’intérieur des terres
L’axe de la nationale 166 reprend un ancien tracé répertorié sur la carte de Cassini, ligne droite qui franchit successivement les plis de la topographie spécifique des landes de Lanvaux.
La nationale 166 offre une séquence réussie de découverte du paysage. Si on perçoit au loin le mitage, les zones d’activités sont relativement peu nombreuses et discrètes. Les phénomènes de sub-urbanisation ne sont pas ressentis à proximité de Elven. Surtout, la découverte des plis successifs et de leurs dégagements visuels permet la scénographie originale d’une succession de vastes vallées. Ploërmel se devine au sommet d’un dernier relief, avant de rejoindre RN 24.
Le point haut descendant vers le Golfe du Morbihan est marqué par la forte présence de réseaux aériens (pylônes électriques à haute tension). Sur de nombreuses séquences aussi, la végétation du bord de route s’interpose devant des paysages intéressants, par exemple le fond des plis de Lanvaux.
Les premières vues du Morbihan en provenance de Rennes donnent sur une zone d’activités très présente alors que des panneaux touristiques signalent la présence de l’école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Le croisement de la voie reliant la commune de Coëtquidan à Guer a encouragé l’installation de la zone d’activité du Val-Coric.
La route longe ensuite la forêt de Paimpont, donnant à voir, dans une succession pittoresque de virages descendant du massif, des affleurements rocheux mêlés à de la végétation de landes (bruyères, ajoncs...). Quelques images d’éléments de patrimoine (ancien moulin du bois du loup) se glissent dans le paysage.
A la sortie d’Augan, une nouvelle façade de zone d’activités ferme cette belle séquence de découverte d’un paysage naturel. Après le franchissement de l’Oyon, suit un paysage de bocage cultivé jusqu’à Ploërmel.
Une épée géante semi enterrée, un casque de chevalier, rappellant la proximité de Brocéliande et de ses légendes, marquent l’entrée de Ploërmel.
Le contournement de la ville est ponctué de nombreux franchissements et propose peu de vues urbaines. Le premier « tableau » proposé par la ville est une vue sur le parc arboré du château de Malville, au nord. La perception des abords situés au sud sont d’une tout autre nature : la zone industrielle (ZI de Camagnon), qui ne se perçoit qu’au niveau de la bretelle d’accès, la N24 étant en contrebas.
On sort de cette séquence au franchissement de la rivière de l’Yvel pour traverser le plateau bocager agricole de l’Yvel. La route a ici fortement entaillé le relief (arasements sur certains secteurs). Ces séquences constituent des coupures sur les paysages lointains. L’effet de couloir est renforcé par la présence de boisement sur les crêtes.
La route contourne Josselin par le nord. Du Bois de Bon Cœur à l’aire de repos de la Pointe, on observe un investissement continu des bords de route : zone industrielle, zone commerciale, usine, zone artisanale de Beau Soleil…Le paysage retrouve ensuite du caractère lors du franchissement de l’Oust. La route se déroule ensuite au travers de la Lande de la Vachegare. On trouve alors de nombreuses vues sur les installations agricoles, des usines, des élevages avicoles jusqu’au Bois de la Lande de Justice.
En approche de Locminé, les zones d’activités bourgeonnent : ZA du point du Jour au croisement de la D11, et ZA du Bardeff.
La RN 24 contourne Baud par le nord-ouest en traversant les Landes de Kerbras. Le parcours épouse alors la topographie naturelle en pente douce vers la vallée de la rivière du Blavet. De Languidic jusqu’à Hennebont, un mitage urbain omniprésent tend à effacer le caractère naturel de la campagne boisée de Languidic. Des zones pavillonnaires aux bâtiments agricoles, le mitage est mixte et annonce l’approche d’une zone urbaine.
La RD 768 traverse la grande séquence paysagère du plateau agricole de l’Evel, parallèlement à la vallée du Blavet. Les franchissements de la vallée sont nombreux et le mitage des campagnes très présent. A la hauteur de Plumeliau, en contournant la commune par l’ouest, on rencontre les deux zones d’activités de Port Arthur I et Port Arthur II.
A l’approche de Baud, les zones industrielles se multiplient. On observe un premier groupement au nord avec les ZI du Douarin, du Ty Er Douar, de Dresserve et de Kerjosse. Au sud on trouve deux autres ZI, celle de Kermarec, et celle de Kermestre.