Atlas des paysages du Morbihan

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Les paysages au cœur de la société

Les résultats de l’enquête sociologique

Les résultats de l’étude sociologique des paysages du Morbihan concernent dans un second temps les actions sur les paysages. Ils permettent d’évoquer le paysage en tant qu’il est présent dans des projets, inclus dans des dispositifs.


 Avec le paysage, au nom du paysage

Dans un certain nombre d’actions, le paysage apparaît comme une ressource à faire fructifier, notamment au service d’un développement local. Ainsi se manifeste une volonté de « mettre en paysage », avec la réalisation de sentiers d’interprétation (Pays de Redon), ou l’organisation d’évènements visant à susciter un sentiment d’appartenance au territoire et à ses paysages proposés à la découverte (cf. les initiatives de la commune de Peillac).
Une offre d’expositions, qui sont autant de mises en images des paysages, participe également de cette construction des regards sur les paysages du Morbihan (des sites valorisés comme celui de la rivière d’Etel sont particulièrement le lieu d’une mise en scène des paysages). D’autres mises en récit, convoquant légendes et témoignages issus de l’histoire locale (le thon, Cadoudal, l’huître, les zostères pour Etel, la pomme de terre « sélection » pour les communes autour de Pontivy…), renforcent une logique de patrimonialisation des paysages, qui s’accompagne aussi de démarche pédagogique visant à faire connaitre et à comprendre un paysage.

 Les paysages, une fabrication plurielle

A côté de ces actions intentionnelles de mises en paysage, nos enquêtes nous font découvrir une fabrication plus instinctive des paysages, qui se constituent à la croisée de différentes logiques.
La logique règlementaire et de protection apparait puissamment active. Le paysage est ainsi souvent perçu dans un rapport négatif de contraintes, de servitude règlementaire et de restriction des actions quotidiennes et de développement des territoires, en lien avec des pratiques juridiques de classement (espaces boisés classés, servitude de paysages…) ou de labellisation (PNR).

La logique aménageuse travaille les paysages à sa manière, le plus souvent par opérations, c’est-à-dire par morceaux, qui, mis bout à bout, ne permettent pas toujours de faire paysage (les acteurs engagés dans les réalisations ont d’ailleurs des cultures professionnelles qui ne les ouvrent pas toujours à la conscience paysagère). Chaque intervention, de la signalétique à l’aménagement d’infrastructures, de la restructuration d’un bourg au classement d’une zone naturelle, peut pourtant avoir des conséquences à des niveaux très différents (économique, social, biologique...).

Quant à la logique écologique et technique, elle est celle qui travaille les paysages selon un objectif fonctionnel. Elle s’illustre assez bien dans le dispositif Breizh Bocage qui intervient sur le territoire pour retrouver les paysages perdus dans le remembrement non pas depuis une réflexion paysagère, mais pour les valeurs environnementales visées : les haies et les talus sont des éléments qui retiennent l’eau et limitent le risque d’inondation et l’érosion des sols…

 Paysage partagé, paysage discuté : quel espace public ?

Notre enquête nous a mené à découvrir la grande diversité d’acteurs non professionnels qui participent de fait à fabriquer les paysages, toute activité étant susceptible d’avoir un impact paysager. Beaucoup d’activités contribuent, du reste, à l’entretien des paysages sans en revendiquer directement la valeur socio-économique : qu’il s’agisse des services publics qui aménagent des chemins et mettent en usage les paysages, qu’il s’agisse d’associations de randonneurs ou de pêcheurs qui entretiennent les abords des voies d’eau et autres chemins. En faire le constat, c’est prendre la mesure du caractère pluriel de la constitution des paysages, qui s’effectue à la croisée des échelles, des compétences, entre privacité et publicité des lieux qui font paysage, engageant les intérêts divers qui sont attachés à ces lieux…

 Conclusion : un atlas pour mieux concerner aux paysages

Notre étude montre, in fine, que les logiques diverses qui travaillent le paysage ne s’expriment pas tellement sous la forme de conflits. Car si le paysage apparaît comme un sujet potentiel de discordes, il se présente tout autant comme un sujet d’accord important, susceptible d’incarner ce qui fait « bien commun ».
Il apparaît, dans notre étude, comme un phénomène capable de réunir de belles énergies autour de lui, à condition, cependant, qu’il soit perçu dans sa dimension performative, et non pas tant sous sa bannière règlementaire qui le laisse plutôt paraître comme un empêcheur…
Ce volet sociologique de l’atlas invite à saisir le paysage comme une ressource plutôt que comme une contrainte, et à élargir le cercle des personnes concernées par la mise en débat de ce qui « fait paysage », invite à faire varier les points de vues qui ne peuvent être rabattus sur une vision d’experts. Le paysage reste trop réduit à des sites emblématiques quand des questions de valorisation des micro-paysages se posent également.
Le rôle de cet Atlas se trouve de fait interrogé. Doit-il être un support d’échanges ? Un nouvel outil à visée plutôt prescriptive ? Un appui à la décision dans les projets qui voudront prendre en compte les paysages ? Il nous apparaît en tout cas comme une étape dans la conquête d’un bien commun qui reste à mieux activer.

Itinéraires :

- Agir pour protéger le paysage
- La construction d’un récit communal
- L’appartenance à une terre


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