Les protections des sites ou de milieux et leur influence sur le paysage
Inégalement réparties sur le territoire, les inventaires et les mesures de protection confirment les différences, de nature ou de regard, portés sur la côte ou l’intérieur.
Divers inventaires et mesures de protection environnementales ou patrimoniales ont une influence sur les paysages ou certaines de leurs composantes. La plupart de ces protections ont du reste un double effet : à l’égard de la composante qu’elles protègent directement (élément architectural, site, milieu…) et à l’égard des dynamiques paysagères et territoriales qu’elles peuvent influencer indirectement. Ces protections, qui se présentent sous forme de périmètres à l’intérieur desquels des règles particulières doivent être suivies, ont des impacts variables et sont très inégalement réparties sur le territoire du Morbihan.
La carte ci-dessus ne donne à voir qu’une partie des outils qui orientent les évolutions des paysages par rapport à l’ensemble des mesures ayant une incidence locale (règlements, recommandations, etc.). En réalité, les dynamiques du territoire sont aussi sous l’influence de bien d’autres intitiatives : associations cherchant à valoriser ou protéger certains sites ; espaces naturels sensibles déterminés et gérés par le conseil général ; etc. S’y ajoutent encore les mesures issues du Grenelle de l’environnement telles que la protection ou la reconstitution de la "trame verte et bleue" qui devra être prise en compte dans les différents documents d’urbanisme.
La diversité des mesures constitue ainsi un millefeuille difficile à appréhender dans sa globalité mais qui pèse d’un poids important parmi les différents facteurs des dynamiques paysagères.
La majeure partie du plateau de Guémené-Gourin, les vallées de l’Ellé et du Scorff et une part importante des monts de Lanvaux sont inventoriées comme Znieff (zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique) de type 2 qui représente une reconnaissance de leur intérêt écologique mais une protection relativement faible. Ce classement en Znieff de type 2 concerne également les forêts de Lanouée et de Brocéliande et quelques espaces de vallées ou milieux humides de moindre ampleur.
Quelques Znieff de type 1, consacrant des écosystèmes rares ou menacés, sont également présentes : vallées du Sébrevet et du Saint-Antoine, forêt de Pont Calleck, bois de Trémelin et du Pont Neuf, coteaux de Rochefort-en-Terre, certains sites des montagnes Noires et quelques landes ou milieux humides.
Les périmètres européens Natura 2000 confirment l’intérêt écologique reconnu par les Znieff en classant nombre de vallées du plateau de Guéméné-Gourin et consacrent la vallée de l’Arz près de Rochefort-en-Terre.
La vallée du Scorff et les coteaux de Rochefort bénéficient en outre d’une inscription au titre de la protection des sites.
Enfin, à l’exception des ensembles significatifs des forêts de Camors et de Floranges et d’un nombre assez important de bois communaux dans les reliefs des Landes de Lanvaux, l’histoire de la forêt morbihannaise et son morcellement ont empêché la constitution de grands massifs domaniaux.
Pour le reste, il est à noter que le Morbihan intérieur, en particulier le plateau de Pontivy-Loudéac et les reliefs des Landes de Lanvaux, ne font pratiquement pas l’objet, en dehors des sites précités et de monuments historiques, de mesures d’inventaire et de protection. Ceci ne préjuge pas de l’éventualité d’y envisager des ENS par exemple.
Au contraire des ensembles de reliefs et de plateaux, la côte et les mers intérieures font l’objet d’abondantes mesures de protection. A l’exception de deux petites portions (à l’ouest de Larmor-Plage et au sud de la presqu’île de Rhuys), tous les sites côtiers voient leur patrimoine écologique ou culturel reconnu à un titre ou à un autre, et la loi « Littoral » s’applique à toutes les communes côtières. Dans le golfe du Morbihan la superposition des multiples périmètres de protection est poussée à l’extrême.
A l’égard des milieux et des paysages, la volonté de préservation qui prévaut pour certaines parties de territoires par rapport à d’autres semble ainsi différenciée. Cela peut se comprendre dans la mesure où, en tant qu’espace de contact entre deux milieux, compte tenu des particularités des mers intérieures et des marées, les côtes présentent logiquement des milieux très spécifiques sur des étendues limitées.
De plus, les protections accompagnent également la pression immobilière particulièrement forte sur le littoral, limitant les risques réels qui en résultent tant pour les paysages que pour les milieux naturels.
Enfin, ces protections viennent « valider » l’analyse selon laquelle les paysages sont très différenciés, à la fois comme territoires et, plus encore, dans l’attention et les regards portés sur eux, la côte mobilisant de loin les préoccupations.
La loi Littoral
Votée à l’unanimité du Parlement, approuvée par 97 % des français [1], entrée en vigueur en janvier 1986, la loi Littoral est une des dispositions qui visent le plus directement les paysages morbihannais.
C’est un ensemble de dispositifs qui, tout à la fois, préserve les paysages naturels des côtes, mais incite également à énoncer des projets de territoire innovants. Elle a ainsi motivé la réalisation concertée du schéma de mise en valeur de la mer (SMVM) du golfe du Morbihan, un des 4 SMVM seulement aboutis en France métropolitaine.
Les autres unités paysagères des côtes morbihannaises pourraient elles aussi s’engager dans une telle démarche, occasion d’aborder ensemble les notions de protection, de valorisation et de développement.
Les mesures évoquées ci-dessus permettent un cadrage des projets d’équipement et d’urbanisation. Les sites classés ou inscrits et la loi Littoral sont celles qui influent le plus directement sur les paysages. De même, le dispositif des espaces naturels sensibles (ENS) du Conseil général et les acquisitions du Conservatoire du littoral permettent à la puissance publique de se rendre propriétaire d’espaces menacés et/ou remarquables, d’en assurer la vocation de paysages naturels et d’organiser leur fréquentation par le public.
Il faut affirmer fortement que le paysage a de la valeur partout, y compris en dehors des périmètres évoqués. Cette valeur n’appelle pas nécessairement de mesures de protection. La qualité des paysages relève en effet surtout de la qualité des projets d’aménagement et de gestion des territoires, et de leur prise en considération à chaque occasion.
[1] Rapport de l’État sur l’application de la loi Littoral, 2007