Présentation synthétique du découpage départemental
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Sous l’angle des paysages, le territoire du Morbihan se présente en trois grands secteurs parallèles : Les plateaux du centre Bretagne au nord
Les reliefs des Landes de Lanvaux au centre
L’Armor au sud, incluant les plaines littorales, les côtes, les îles, les mers intérieures
Il s’y ajoute un réseau de vallées qui traverse les trois séquences et proposent des ambiances et des conditions de perception suffisamment singulières pour être distinguées comme paysages.
Les reliefs linéaires des Landes de Lanvaux jouent un rôle prépondérant au centre de cette organisation en trois grandes séquences et contribuent à l’originalité du territoire. Leur orientation perpendiculaire à l’écoulement des rivières vers l’océan forme une barrière entre les terres et les côtes dont ils renforcent le contraste, de même qu’ils confirment le caractère intérieur de l’Argoat.
Au sein de cette grande division en trois séquences, l’atlas des paysages du Morbihan distingue des ensembles de paysage, eux-mêmes subdivisés en unités de paysage.
Les ensembles de paysages présentent une communauté de territoire, souvent celle du relief (par exemple, le littoral, ou les plateaux...). L’agencement de leurs caractères spécifiques contribuent à former une figure particulière.
Les unités de paysage désignent des territoires d’un seul tenant qui présentent des caractères communs, tant dans la nature et l’organisation de leurs composantes, que dans la manière dont ils sont perçus.
C’est là, aux frontières des Côtes-d’Armor, que prennent leurs sources les cours d’eau du versant atlantique de la Bretagne. Ils y traversent des paysages de campagne active, où s’exprime la vitalité de la production agricole et des industries agro-alimentaires. Les reliefs et les boisements, ainsi que le réseau typique du bocage, y ménagent des ambiances d’intimité. On y distingue des plateaux proprement dits, et des reliefs boisés qui bornent les frontières du département à l’est et à l’ouest.
L’ensemble de paysages des montagnes Noires présente au Morbihan une partie de son flanc sud, qui marque un horizon nettement lisible, et se poursuit dans le Finistère. Il ne comporte dans le Morbihan qu’une unité de paysage.
L’ensemble de paysages de Cornouaille intérieure se compose d’une incessante succession de vallées et de vallons creusés dans les plateaux granitiques, dont les replis sont renforcés par une abondante végétation arborée, associant bois et bocage. Il se décompose en trois unités paysagères : le plateau de Gourin, le plateau de Guémené et l’unité de Guerlédan et Quénécan qui associe des reliefs vigoureux, une forêt, un plan d’eau, pour composer un des sites les plus récents et les plus attractifs du centre de la Bretagne.
L’ensemble de paysages du plateau de Pontivy-Loudéac s’étend également dans les Côtes-d’Armor. Il est marqué par de grandes cultures que sillonnent de petits vallons, ponctué dans le Morbihan par la forêt de Lanouée, la ville de Ploërmel et les confins de la ville de Pontivy, située dans la vallée du Blavet. On y distingue dans le Morbihan deux unités de paysages : le plateau de l’Yvel, et le plateau de l’Ével, deux bassins versants situés de part et d’autre de l’Oust (la vallée de l’Oust est considérée comme une unité de paysage appartenant à l’ensemble des vallées).
L’ensemble de paysages du massif de Brocéliande se partage entre l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan où il développe l’unité de paysage de ses rebords ouest, où alternent les lisières de la forêt sur les versants, les hauteurs boisées et de landes, et des cuvettes cultivées.
Le nom très connu de ce vaste ensemble apparaît sur les toutes les cartes de Bretagne. Les landes ont aujourd’hui pratiquement disparu de cet ensemble de paysages aux reliefs singuliers. Crêtes et sillons se succèdent parallèlement à la côte, contraignant les rivières à les contourner ou à y creuser d’étonnantes cluses. Les arbres ont succédé aux landes sur les sommets, et sont également très nombreux sur les rebords sous forme de cultures de résineux, de bocage, de bois… Reliefs linéaires et boisements composent ainsi un grand secteur aux ambiances faiblement différenciées, sinon dans les sillons, plus ouverts et présentant des ambiances de vallées. Dans un ensemble aux contrastes peu marqués, on peut cependant distinguer des unités de paysages, différenciées par un caractère un peu plus saillant : une structure de crête boisée pour les unités de paysage des monts de Lanvaux, des reliefs de Saint-Nolff ou des monts de Caro
une prédominance des boisements pour le plateau boisé de Plumelec et la campagne de Languidic
une part plus grande du bocage pour le plateau de Questembert ou les bocages de l’Aff.
une structure de vallées ouvertes et cultivées dans les sillons, où les rivières coulent très curieusement dans des directions opposées… on distingue deux unités de paysage de ce type, parallèles et très similaires : le sillon du Tarun et de la Claye en partie nord (on notera que le Blavet à l’ouest et l’Oust à l’est empruntent eux aussi ce sillon sur de courtes séquences), le sillon du Loc’h et de l’Arz en partie sud.
Les replis et les boisements sont associés à une plus faible densité bâtie, composant des paysages retirés, peu connus, intimes, porteurs d’un profond sentiment d’intériorité et d’une tranquillité apaisante, en grand contraste avec les spectaculaires et célèbres déploiements de la côte.
Les reliefs forment cependant de remarquables sites dont le cadre contribue à l’attractivité paysagère de petites villes comme Rochefort-en-Terre.
Les paysages du littoral morbihannais figurent parmi les plus réputés et les plus emblématiques d’Europe. L’océan assure une présence naturelle intense, amplifiée par le phénomène des marées qui transforment sans cesse les paysages, mêlant et démêlant deux fois par jour les motifs de mer, ceux de la terre, et ceux de l’estran, superbe et incertain espace de l’entre-deux, particulièrement développé dans le Morbihan.
La Bretagne s’enfonce peu à peu dans l’océan, et le littoral morbihannais se découpe ainsi en une multitude de lieux où la terre et la mer s’entrelacent, s’enchaînent l’une l’autre, parfois se confondent, et ne se heurtent que rarement de front. Chacun de ces lieux fait l’objet d’une identification très vive en tant que paysage, chaque site est nommé, polarisé par une forme de mer ou de terre, par une ambiance spécifique, à une échelle assez locale. Ces contrastes d’échelle contribuent à formuler un caractère particulier du territoire morbihannais, composé de vastes systèmes au nord et de sites moins étendus au sud.
Sur les côtes se concentrent les urbanisations (les deux plus grandes villes du département, Vannes et Lorient, sont des ports), la pression foncière, les activités touristiques, et les enjeux de paysage qui les accompagnent : l’attractivité des paysages côtiers est tout autant la raison de leur prospérité qu’à l’origine des causes d’une éventuelle dégradation.
Quatre-vingt dix kilomètres séparent les limites départementales donnant sur l’océan, mais la côte s’y développe, îles comprises, sur un linéaire de 900 km, et permet de distinguer 14 unités spécifiques de paysage dessinées par les formes des rivages : La vallée de la Laïta
La côte et la rade de Lorient
Les dunes et plages de Gâvres à Plouharnel
La ria d’Étel
La presqu’île de Quiberon
La côte des mégalithes
La rivière d’Auray
Le golfe du Morbihan
Vannes
La presqu’île de Rhuys
La côte de Damgan à Pénestin et l’estuaire de la Vilaine
L’île de Groix
Belle-île, Houat et Hoedic
Derrière ces sites illuminés par l’océan et ses incursions dans les terres, se développent plus discrètement les unités paysagères des plaines côtières, limitées entre les côtes et les premiers reliefs des Landes de Lanvaux. On y retrouve les ambiances d’une campagne cultivée aux composantes variées, assez boisée, mais soumise aux pressions de la côte qui se concentrent aux abords des routes.
On peut y distinguer les unités de paysage suivantes : les plaines plus boisées de Guidel et de Pluvigner
les plaines de Sainte-Anne-d’Auray et de Muzillac, où le bocage est plus présent,
la plaine cultivée de Saint-Dolay, partagée avec la Loire-Atlantique, également nommée « Miteau » en raison de sa localisation entre la Vilaine et la Brière.
Les vallées sont innombrables dans le Morbihan… et interviennent à des degrés variés dans l’identification des paysages.
Sur les plateaux de Cornouaille intérieure, elles se succèdent de manière répétitive, composant par cette continuité une unité de paysage, qui intègre ainsi le Scorff et l’Ellé. On peut considérer ces unités de paysage autant comme des plateau que comme une un réseau dense de vallées.
Dans le cas des reliefs des landes de Lanvaux, les rides au fond desquelles coulent les rivières sont « perçues » comme des vallées sans en être tout à fait [1]. Par les enchaînements qu’elles créent avec les crêtes voisines, elles se trouvent pleinement intégrées à l’ensemble de paysages auquel elles participent.
D’autres vallées enfin, plus marquées dans leur contexte, plus nettement lisibles comme paysage en raison de leur navigabilité et leur accessibilité par le canal de Nantes à Brest et ses chemins de halage, composent un réseau qu’il est important de distinguer, car il forme une figure singulière qui contribue à l’originalité du territoire morbihannais.
Les unités de paysages de la vallée du Blavet à l’ouest, des vallées de l’Oust et de la Vilaine à l’est, où l’on trouve des paysages spécifiques, tentent de contourner les landes de Lanvaux dans leur course vers l’océan. Une grande singularité du territoire morbihannais vient du fait que ces vallées paraissent être reliées par deux fois : en amont, la jonction du canal les unit en un audacieux ouvrage d’art, et en aval, au sein des reliefs des Landes de Lanvaux, les sillons composent des paysages de vallées traversant le département d’est en ouest, reliant l’un à l’autre le Blavet, l’Oust et la Vilaine…
Dans le réseau des vallées naviguées les composantes s’organisent en paysages attractifs, animés par la présence de l’eau, les écluses, les possibilités de promenades, les épisodes parfois spectaculaires des reliefs, comme les cluses creusées par les rivières pour franchir la barrière des reliefs de Lanvaux. On y trouve également de nombreuses villes, qui adressent aux rivières leurs façades pour composer d’attractifs paysages urbains, comme à Pontivy, Josselin, Rohan ou Malestroit.
Les paysages du Morbihan ne sont pas ordinaires, loin de là. Ils se distinguent ainsi beaucoup les uns des autres sur la côte, tandis que les différences sont moins marquées dans les terres. La description des paysages qui figure dans cet atlas tente de traduire ce caractère, en détaillant les unités aux caractères saillants (les unités de la côte, les reliefs frontaliers…), tandis que les unités moins différenciées ont parfois la majeure partie de leurs desciptions rassemblées dans celles de l’ensemble de paysages qui les réunit.
Les paysages du Morbihan ne sont pas non plus figés dans leurs caractères (si l’on excepte évidemment les reliefs). L’histoire a connu en effet de profondes mutations qui ont bouleversé les paysages : création du bocage, révolution agricole du XXe siècle, étalement urbain à partir de 1950, mais aussi création des paysages du canal de jonction ou du lac de Guerlédan, plus récemment apparition des éoliennes…
Le découpage qui est ici présenté correspond aux observations et analyses effectuées en 2008-2010, il se peut que les limites puissent évoluer, que des regroupements ou de nouvelles distinctions apparaissent en raison de l’évolution des territoires et des projets de leurs collectivités.
[1] Car des cours d’eau peuvent y couler en sens opposés (voir dans le chapitre consacré aux conditions des paysages)