La mosaïque des paysages du Morbihan relève d’une organisation peu perceptible
Pour une grande part du territoire Morbihannais (à l’exception des plateaux cultivés), l’organisation des éléments (reliefs, cours d’eau, motifs boisés, bâti, routes…) ne se laisse pas guider par un ordre établi. La répartition de chaque composante est relativement imprévisible.
Il en résulte des paysages en ordre dispersé, très vivants car changeant à chaque pas, pleins de surprises et de découvertes, souvent de dimensions restreintes, assez intimes.
L’impression laissée au visiteur est celle d’un paysage qu’il faut aller découvrir, par chacune des petites unités qui le composent, et qui ne se laisse pas identifier d’un simple et rapide coup d’œil, dans la mesure où il présente rarement de vision large, mais appelle une approche progressive, nécessairement par le parcours.
Les reliefs, qu’il s’agisse des crêtes et sillons de Lanvaux ou des gaufrages sculptés par le ruissellement, notamment sur le plateau de la Cornouaille intérieure, découpent le territoire en unités innombrables. Mais contrairement à leur rôle bien lisible à l’échelle départementale dû à l’effet structurant du cisaillement sud-armoricain, leur organisation est beaucoup plus insaisissable à l’échelle des paysages locaux, lorsqu’ils sont perçus de l’intérieur, au sol, notamment en raison de caractères géologiques particuliers.
A force d’érosion, le massif armoricain n’était plus qu’une surface plane peu différenciée où tous les terrains se trouvaient à peu près au même niveau que la mer lorsqu’il reprit suffisamment d’altitude pour enclencher un nouveau cycle d’érosion. Celui-ci va sculpter de nouveaux reliefs en tirant parti des différences de résistance des roches. Cette évolution particulière en deux étapes a des conséquences morphologiques différentes selon la disposition des roches présentes. Dans les secteurs où les substrats sont disposés en alignements, consécutifs à des failles ou plissements anciens, l’érosion différentielle tend à révéler ces alignements. Le processus est alors proche de celui des reliefs Appalachiens. Les formes linéaires qui en résultent, alternance de crêtes et de sillons, sont assez nettes à l’échelle du département.
En revanche, sur les terrains homogènes situés à l’écart des zones de fractures ou de plissements, le réseau des vallées se ramifie sans contraintes, donnant cet effet de gaufrage répétitif sur les plateaux. Les différences de nature des roches n’ont alors que des conséquences limitées du point de vue du paysage sensible : différences de résistance qui se traduisent par des écarts d’altitude moyenne des plateaux, différences de perméabilité qui influencent la densité du réseau hydrographique.
La mise en relief de la carte géologique permet de préciser ces variations morphologiques. Les roches qui ont le mieux résisté lors des dernières phases d’érosion différentielle sont des schistes ardoisiers, les grès armoricains, les conglomérats briovériens de la périphérie des montagnes Noires et certains granites ou granito-gneiss. A peu près tous les secteurs dominants du département sont constitués de ces roches. A l’opposé, les schistes et arkoses de Bains / Oust, la plupart des micaschistes, gneiss, migmatites et orthogneiss se sont mieux prêtés à une érosion qui ne les fait plus affleurer que dans les vallées ou les dépressions, le fond des vallées littorales, le Golfe.
Entre les deux, les schistes briovériens ou métamorphiques, les mylonites forment des reliefs plus variables en fonction des contextes.
Certaines roches déterminent des sols ou des reliefs qui contrastent avec les substrats voisins : granito-gneiss des monts de Lanvaux dominant avec régularité les schistes et arkoses sédimentaires de Bains / Oust, leucogranites du plateau de Plumelec, grès armoricains des Monts de Caro, de la forêt de Paimpont, des montagnes Noires, des monts de Sérent et des rides de l’Arz. Certaines relations sont plus ténues : dépressions schisteuses du Staer-Laer et de Lignol, plateaux briovériens de Naizin et de Ploërmel.
Mais parfois ni la morphologie, ni l’action humaine ne se sont laissé guider par la nature du sous-sol. Ainsi, à l’ouest des sillons de Lanvaux, le Blavet, le Scorff, la Laïta et certains affluents, profitant sans doute d’une tectonique locale favorable, imposent leur empreinte à des structures géologiques qui ne maîtrisent plus l’organisation de l’espace. A l’extrémité est, l’Aff, l’Oust et la Vilaine reproduisent à leur manière ce schéma, amplifiant même l’alternance entre passages étroits dans les cluses et étalements dans les roches tendres par la constitution de plaines alluviales.
Si l’étude du relief conduit rapidement à évoquer quelques uns des grands événements géologiques du massif Armoricain, il semble cependant que la géologie du Morbihan organise les paysages plus qu’elle ne les façonne. Car les structures et la lithologie sont en réalité d’une complexité qui ne livre pas facilement les clés du paysage. Cette particularité repose sur plusieurs constats, parfois paradoxaux [2] :
Les formes structurales sont rares ou indécelables car parfois des déformations secondaires peuvent intervenir.
La référence au relief appalachien renvoie bien à certains traits : linéarité, érosion différentielle, existence des cluses, mais il s’agit ici d’un modèle très atténué (aux États-Unis, les monts Appalaches atteignent quand même 2000 m).
Les ondulations qui déforment les plaines et plateaux peuvent avoir des causes différentes (montées magmatiques localisées, légères variations de caractéristiques lithologiques, inclusions granitiques dans les gneiss, formes d’érosion banales) et pourtant assez imperceptibles.
L’image populaire du socle cristallin et de la montagne ancienne est en partie contredite par le fait que ce sont les formations sédimentaires (grès notamment) qui forment les plus hauts reliefs, et que les formes visibles sont en réalité plutôt récentes. [3]
La composition, la résistance et la répartition des granites sont si variées qu’ils peuvent aussi bien apparaître en position élevée près des montagnes Noires que former le sous-sol de la majeure partie de la dépression littorale.
Ce qui apparaît homogène sur la carte géologique, y compris sur les cartes au 1/50 000 peut ne pas l’être sur le terrain.
La relation entre la géographie des paysages du Morbihan et la lithologie est donc inégale et difficile à résumer. Forte dans certains secteurs, cette relation est atténuée, voire difficilement perceptible dans d’autres où le paysage semble peu sensible aux différences de compositions des roches.
D’autres causes rendent difficile le découpage du territoire en unités de paysages. Car à la trame déjà complexe des reliefs, la végétation ajoute un degré supérieur de divisions.
Par son niveau de généralisation, la base européenne Corine Land Cover donne une première idée de la distribution des surfaces boisées, surfaces en herbes, grandes cultures, parcellaires complexes, marais, secteurs urbanisés.
A la lecture de la carte d’occupation du sol, quelques grands secteurs se distinguent : Le nord-est du département forme un premier ensemble par l’importance des surfaces affectées aux cultures, peu boisées à l’exception de massifs forestiers assez compacts et individualisés (Forêts de Lanouée et de Paimpont).
Au nord-ouest, sous les montagnes Noires, un secteur plus restreint, mais encore bien identifiable, où dominent des cultures sur un parcellaire complexe et où les boisements s’intercalent plus fréquemment.
Au sud-ouest, du littoral de Lorient jusqu’à Pontivy, avec une extension vers le centre-est (entre Locminé et Ploërmel), une mosaïque changeante, où tous les types d’occupation du sol semblent alterner de manière rapprochée sans jamais s’imposer.
Au sud-est, la partie littorale se distingue de l’ensemble précédent par une moindre imbrication des surfaces et par des boisements moins importants.
La partie centrale, comprise entre Camors et Redon fait nettement apparaître une organisation linéaire de l’espace selon un axe plus ou moins parallèle à la côte.
Enfin, l’urbanisation prend sur le littoral une part importante, plus particulièrement avec les agglomérations de Lorient et de Vannes alors que l’emprise des villes est modeste sur le reste du département.
Mais à l’échelle locale, c’est avant tout la diversité qui apparaît avec, dans cette mosaïque, un rôle particulier dévolu aux arbres.
Le territoire est en effet couvert par une résille de motifs boisés dont la répartition vis-à-vis des reliefs ne semble pas obéir à un ordre identifiable.
A l’exception de la structure de hauteurs boisées reconnaissable aux frontières du département (montagnes Noires, Quénécan, Brocéliande) ainsi que le long des crêtes des Landes de Lanvaux,
les boisements se montrent aussi multiples dans leurs compositions (feuillus, conifères, saules, friches élevées…) que dans leurs positions (sommets, coteaux, fonds de vallée…).
Une forêt plutôt récente dans sa forme actuelle
La forêt morbihannaise a subi des variations historiques assez radicales : disparition progressive de la forêt primaire depuis le néolithique jusqu’au XIXe siècle ; extension des landes puis reboisements, surtout au XXe siècle ; création de haies, puis destruction, puis protection, voire replantation et densification ; plantations des espaces résidentiels…
Motif relativement omniprésent dans le Morbihan, l’arbre s’y trouve le plus souvent groupé en bosquets ou en boisements de moyenne importance. Les formations linéaires (ripisylves, haies) et les arbres isolés sont également nombreux.
La densité de ces différentes formes de boisements non constitués en massifs est assez remarquable à l’ouest du département alors qu’à l’est, les formations plus massives alternent avec des espaces non boisés.
A l’exception de la forêt de Lanouée, les massifs actuels sont caractérisés par une relative hétérogénéité des formations. A Quénécan, Paimpont, dans les Monts de Lanvaux, à Pont-Callec, sur les Montagnes Noires ou parmi les bois de Trémelin, landes et formations arbustives occupent encore une part importante des surfaces.
Les plantations de conifères, qui n’existaient pratiquement pas dans la forêt primaire ont été introduites progressivement, surtout à partir du XIXe siècle [5]. Elles occupent aujourd’hui une part importante dans le sud et l’est du département, et sont majoritaires dans la partie est des massifs de Lanvaux et parmi les boisements de la zone littorale, entre Lorient et le golfe du Morbihan.
Les peupleraies sont assez rares, absentes des zones côtières et sublittorales, en petites taches assez réparties ailleurs.
Le bocage partout et nulle part
Il faut ajouter aux boisements les haies bocagères et les vergers dont l’image accompagne traditionnellement l’idée des paysages de l’Ouest. Il est difficile d’identifier clairement, cependant, de véritables secteurs strictement bocagers : la couverture est très inégale, le maillage plus ou moins lacunaire, et se mêle surtout aux multiples formes boisées pour inscrire, dans le paysage, une présence arborée permanente, mais aux motifs très variables.
Car, quelle distance doit séparer les haies pour qu’il y ait ou non bocage ? quel réseau doivent-elles former ?
Les plateaux du nord-ouest du département présentent sur quelques centaines de km2 une densité de haies assez exceptionnelle encadrant des petites parcelles de 1 à 5 ha environ. Les haies peuvent y être localement absentes, des parcelles sont parfois regroupées, d’autres ont été boisées… Mais malgré ces variations, le bocage semble ici être une composante forte du territoire.
Le sud-est du département présente également d’assez grandes étendues de bocage mais celui-ci paraît atténué, moins dense, avec des parcelles généralement plus grandes, des haies parfois interrompues, des boisements moins nombreux qui ne semblent pas conquérir l’espace rural.
Plus près de Lorient, dans un espace également marqué par la proximité des sites urbains, les parcelles boisées alternent avec les cultures dans une sorte de mosaïque où les haies sont presque absentes. Ce n’est donc plus vraiment un bocage, plutôt une sorte de campagne boisée de la périphérie urbaine.
Sur les plateaux du nord-ouest du département, les parcelles de l’ordre de 10 ou 20 ha ont parfois pris des formes géométriques disciplinées. Il n’y a plus de bocage et pourtant, les linéaires boisés sont encore nombreux le long des cours d’eau, quelques haies subsistent.
Entre ces différents types, des situations intermédiaires apparaissent : bocage résiduel encore constitué des plaines littorales entre le Blavet et le Golfe du Morbihan, bocages quasi résidentiels où les haies encadrent des parcelles construites, bocages des marges forestières où s’effectue un passage progressif de la forêt à l’espace agricole.
Presque partout, l’empreinte différentielle du bocage est donc un élément important des paysages du département et, en même temps, cette différenciation semble assez peu liée aux conditions du milieu.
Les masses et les lignes arborées dessinent en creux les espaces de culture et de pâture, qui sont aussi les dégagements visuels par lesquels l’observateur est en mesure de percevoir un pays, de voir des paysages. Leurs positions, leurs dimensions, sont aussi variées que les composantes précédentes, contribuant à l’animation générale.
Une influence sur la visibilité et la fermeture des paysages
La perception des territoires est conditionnée à l’organisation des dégagements visuels entre la position de l’observateur (en général le réseau des routes et des chemins) et les horizons qu’il pourrait avoir à considérer. D’une manière générale, les bois ou les haies sont très nombreux aux bords des routes et des chemins du Morbihan (qu’on songe au traditionnel chemin creux du bocage), ils ne permettent qu’occasionnellement une vision large.
Cette fermeture des paysages par la végétation semble d’ailleurs toujours une tendance actuelle : on observe facilement des parcelles récemment plantées, parfois devant un paysage de qualité.
Les landes, légendaires mais quasi disparues
Dans les secteur connu sous le nom de "Landes de Lanvaux", les landes sont un souvenir transmis par la toponymie, mais n’apparaissent que très ponctuellement dans le paysage [6].
Certes, dans la partie continentale du Morbihan, les taches de landes résiduelles sont encore nombreuses mais elles forment rarement le paysage ouvert et assez peu géométrique qu’évoque cette appellation : le plus souvent en bordure ou à l’intérieur des boisements, elles apparaissent sur la carte comme des variations des domaines forestiers qu’elles accompagnent.
Les landes littorales sont restées proportionnellement assez étendues, notamment sur la côte qui va de Quiberon à Lorient et sur les îles. Contrairement aux landes continentales, cette conservation, qui peut résulter notamment de facteurs climatiques, de considérations touristiques ou environnementales, ou encore de la rétention foncière, a permis de maintenir des conditions de paysages de landes.
Mais il faut encore souligner que, dans le domaine forestier ou sur la côte, les plus grandes étendues de landes correspondent à des terrains militaires (camps de Coëtquidan, Gâvres et dans une moindre mesure Meucon).
Outre le fait qu’il n’y existe pas de très grande ville, l’urbanisation du Morbihan présente deux caractéristiques principales : un tissu de petites villes, bourgs, villages et hameaux assez régulièrement implantés sur l’ensemble du territoire, et une densification urbaine à proximité du littoral. Si les deux agglomérations, Vannes (130 000 habitants en 2006) et Lorient (185 000 habitants en 2006), implantées en retrait du littoral proprement dit, se sont plus agrandies vers l’intérieur que le long de la côte, le bord de mer tend à former une conurbation sans centralité marquée, seulement interrompue par le champ de tir de Gâvres entre la presqu’île de Quiberon et l’embouchure du Blavet. Entre ce tissu littoral et les deux agglomérations, les plaines côtières se caractérisent par des bourgs un peu plus nombreux et un peu plus importants que dans le centre et le nord du département mais avec une répartition assez comparable.
Cette tendance à la répartition forme un réseau assez régulier, avec des bourgs-centres de 2000 à 3000 habitants, assez nombreux, quelques centres plus importants parmi lesquels Pontivy et Auray, avec environ 20 000 habitants se détachent devant Ploërmel (env. 10 000).
En dehors de l’attraction de la mer, la localisation des villes et des bourgs semble donc dépendre assez peu des autres données géographiques. Les sites d’implantation ne privilégient pas non plus des schémas particuliers : on trouve autant de bourgs sur les plateaux (Questembert, Pluvigner…) qu’en fond de vallée (Pontivy, Malestroit…) ou sur des hauteurs proches des vallées (Ploërmel, le Faouët…).
En l’absence de contraintes topographiques fortes, le réseau routier est à l’image de la faible polarité urbaine, reliant les centralités par des tracés assez directs, avec une densification littorale modérée.
En retour, cette répartition routière et citadine apparemment peu contrainte semble entretenir peu de relations avec les composantes naturelles.
A un niveau plus fin, l’implantation des bourgs et des hameaux réserve quelques secteurs peu habités correspondant surtout aux massifs boisés (Paimpont, Lanouée, Monts de lanvaux) ainsi qu’une tendance à la dispersion moindre sur les plateaux du nord-est du département.
Le réseau des voies semble ainsi obéir à une logique propre, et ne permet, par exemple, de suivre réellement que le cours des rivières navigables. Ailleurs, ce ne sont pas les formes du relief, pas assez marquées pour cela, qui guident le positionnement des infrastructures. On ne trouve de telles structures qu’à l’occasion, par exemple, des cluses. Sinon, le tracé des voies, assez indifférent à la charpente naturelle, pose sur le territoire une nouvelle résille, d’une autre maille, peu favorable à la compréhesion du territoire et aux conditions de sa perception.
Quant au bâti, nous sommes dans l’Ouest, dans une région où l’eau semble partout accessible, et qui ne connaît pas la tradition du village regroupé au centre d’une campagne non bâtie.
Ici, le bâti est partout, en villes, bourgs, villages, hameaux, écarts, petits groupes de logements ou d’activités, et très souvent isolé, qu’il s’agisse des fermes, mais aussi des chapelles, des maisons, ou encore des grands silos (en général très visibles sur les crêtes) ou des usines (en général d’agro-alimentaire). Cette grande dispersion du bâti s’ajoute à la complexité de la répartition des autres composantes, dont résulte l’impression générale de très grande variété, de dissémination et d’imprévisibilité.
La dissémination des éléments, et le fait qu’ils composent de très petites unités de paysage, dans des conditions de perception très variables, s’applique à une part importante du territoire : les Landes de Lanvaux, le plateau de Guémené-Gourin, les plaines littorales en dehors des sites de la côte. Le phénomène a tendance à unifier les impressions ressenties, faites partout d’une multitude de petites unités observables, et selon des organisations partout changeantes entre les éléments de composition. Les différences d’organisation des paysages vont dans ce cadre être sensibles surtout lors des grands parcours, à l’échelle de la structure départementale. En revanche, il sera plus difficile de localiser avec précision les micro-ambiances ressenties. Enfin, par contraste, les structures paysagères identifiables retiendront davantage l’attention, comme c’est le cas des « sites » de la côte, des plaines agricoles, des reliefs boisés notamment.
Des paysages inépuisables et en mouvement
Ce vaste morcellement donne la sensation d’un pays infini, indéfiniment explorable, qui réserve aux visiteurs encore et encore une infinité de découvertes, et qu’il serait impossible de parcourir en chacune de ses unités de perception avant qu’elles n’aient déjà commencé à se renouveler.
Il en ressort également l’idée de paysages dont la qualité ne repose pas sur de vastes structures patrimoniales, sur des organisations figées par la représentation ou la tradition. Au contraire, le mouvement est autant nécessaire à l’observateur pour les découvrir qu’il semble en permanence à l’œuvre sur les éléments eux-mêmes.
Les boisements, notamment, se montrent non fixés dans leurs limites, prêts à gagner encore du terrain, parfois malheureusement au détriment de certain dégagement visuel, de certaine lisière lumineuse… L’agriculture réserve aussi des surprises, comme cet élevage de porcs en plein air dont l’image n’a encore rien d’habituel et apparaît comme un paysage que l’on vient d’inventer. Les éoliennes s’ajoutent à d’autres signes très contemporains comme les grands silos pour apporter, au sein de ces vastes territoires sans grande structure apparente, une contemporanéité qui ne vient pas bousculer un ordre établi.
C’est là probablement une chance, à saisir collectivement dans un possible projet de paysages répondant aux attentes de la société contemporaine.
[1] Des informations complémentaires concernant la géologie du Morbihan sont consultables sur le site de l’Odem
[2] La lecture des notices des différentes cartes géologiques du Morbihan au 1/50 000 (dont on trouvera la liste dans la bibliographie) est parfois éloquente :
« Comme dans l’ensemble de la Bretagne centrale, le Briovérien supérieur correspond à une puissante série dont les variations verticales et latérales sont encore méconnues…
Principalement du fait de la rareté en affleurements, les contacts [entre les deux unités de Briovérien identifiées sur la feuille de Ploërmel]