Une cité patrimoniale à l’abri du Golfe
Cette unité appartient à l’ensemble de paysages de l’Armor morbihannais
Vannes véhicule l’image d’une ville à la fois historique, touristique, administrative et dynamique. Elle séduit autant par les richesses patrimoniales et culturelles de ses remparts et de son centre médiéval que par son université et ses entreprises tournées vers l’avenir.
Située au « fond » du golfe du Morbihan, à 15 kilomètres de l’océan, elle fonde une grande part de son image sur les rivages et le port de plaisance, beaucoup moins sur l’arrière pays.
Ville fréquentée par les touristes pour les richesses de son centre historique et pour son port de plaisance, elle est aussi un point de départ des excursions vers les îles du Golfe.
C’est enfin une ville traversée par l’axe très fréquenté de la RN 165/E 60 Nantes-Brest, la séquence de la route laissant aux usagers une image de Vannes marquée par les développements périphériques.
Entre le golfe et les reliefs de Lanvaux
Installée au fond du golfe du Morbihan, Vannes présente une succession de limites de nature différente.
Le Vincin, au sud-ouest, constitue une limite de l’urbanisation et une coupure entre Vannes et Arradon.
Au sud, l’embouchure du Vincin, sur laquelle la presqu’île de Conleau constitue une excroissance terrestre, dessine une limite qui se prolonge par les rivages du golfe du Morbihan dont le tracé a été modifié par poldérisation au niveau de l’actuel parc du Golfe.
De l’autre coté du port, la limite sud est marquée par une bande de terres agricoles et d’espaces naturels séparant Vannes de la commune de Séné. L’interruption urbaine est sensible dès Arcal.
Au nord, les crêtes de Saint-Nolff, qui culminent à une altitude moyenne de 140 mètres, referment le site.
Au nord-est de Saint-Avé, le vallon du ruisseau de Lihuanten et l’entrée dans le bocage marquent la fin de l’agglomération vers les reliefs des Landes de Lanvaux et la plaine de Muzillac.
Au nord-ouest, la transition vers la plaine de Sainte-Anne-d’Auray débute par une coupure verte fragile formée notamment par le vallon du Meucon en direction de Plescop, puis s’affirme à l’ouest de cette cité.
A l’est et à l’ouest les contours de l’unité sont plus flous en raison de l’extension de l’agglomération sur la plaine littorale : à l’est, le Talhouet n’a pas arrêté l’urbanisation emportée par l’élan de la RN 165. De même, à l’ouest, la ville s’étend de manière assez continue jusqu’au ruisseau de Luscanen.
Fondements géographiques : le nœud d’un réseau de voies terrestres et maritimes
Son implantation entre les reliefs des Landes de Lanvaux et le Golfe confère à la ville une position charnière.
Côté nord, des ruisseaux nombreux et très courts coulent depuis les versants tout proches des landes de Lanvaux : Meucon, Park carré, Bilair, Lihuanten, Gornay se rejoignent pour former la Marle, au point de fondation de la ville.
La Marle aménagée est désormais le bassin du port, au centre d’une magnifique perspective urbaine donnant sur la porte Saint-Vincent, tandis que les autres ruisseaux ne sont plus aussi nettement visibles dans l’espace urbain, sinon au pied des remparts ou à l’étang au Duc. Pourtant, ce réseau constitue une part importante de la « charpente naturelle » de la ville.
Côté sud, Vannes compose une partie étroite des rives du golfe du Morbihan, sur l’estuaire de la Marle. La configuration de la côte procure au port un abri exceptionnel. Le golfe est déjà une mer intérieure, autrefois protégée des invasions par les îles et la passe de Port-Navalo. La Marle ne s’y jette pas directement mais dans une sorte de « golfe dans le golfe », situé le Port-Anna. Au fond de ces emboîtements de mers de plus en plus petites, la Marle forme enfin un long chenal aboutissant aux portes de la ville qu’elle met en relation avec l’océan. Une situation naturelle particulièrement abritée qui provoque aussi une certaine inaccessibilité causée par les marées et la navigation complexe entre Vannes et l’océan.
De Darioritum à Vannes
La ville ne porte le nom de Vannes que depuis le IVe siècle et c’est dans un texte latin du Ve siècle [1] qu’apparaît pour la première fois le nom de « Venetis ». Pourtant, la cité est mentionnée à plusieurs reprises avant cette période. Il en est par exemple fait mention dans les tables du géographe grec Ptolémée : « sous les Osismes, sur le littoral occidental, on trouve les Vénètes dont la capitale est Darioritum... ». Le nom gaulois de Darioritum désigne l’existence d’un gué, nommé « Dario » ou « Dar ». Il figure sur la table de Peutinger [2] sous la forme de deux tours coiffées de toits pointus, symbole d’une capitale.
La dénomination de la ville dès cette période par ce terme topographique démontre l’importance du site, à la confluence d’une voie terrestre entre deux collines et d’une rivière se jetant dans un golfe puis la mer... Cette position place Vannes au carrefour de liaisons terrestres représentées par la voie longeant au plus près le littoral, l’axe de la carte de Peutinger, Nantes-Carhaix par Rieux, et les voies nord-sud vers Corseul. Aujourd’hui, la ville a conservé cette position de carrefour. Elle articule l’axe autoroutier reliant Nantes à Brest, l’axe rapide vers Rennes et passant par Ploërmel.
Outre les rivages, le site de Vannes est marqué par trois collines : le Mené (montagne en breton) où se situe la ville intra-muros, la colline de Boismoreau où s’est développé le quartier Saint-Patern, et la colline de la Garenne qui accueille aujourd’hui l’hôtel de la préfecture et ses jardins, le parc de la Garenne ainsi que l’hôtel du département du Morbihan.
Cependant cette implantation présentait certaines contraintes topographiques. Il s’agissait d’une zone marécageuse due à la confluence des ruisseaux de Meucon et de Groutel (venant de l’étang au Duc). Cette zone de marécages rendait les constructions et les communications difficiles. De plus, elle isolait entre elles les trois collines qui composent le site. Actuellement le sol est situé 6 à 8 m plus haut que le niveau d’origine suite aux nombreux remblais effectués au long de l’histoire alors que la colline de La Garenne a été écrêtée à l’époque moderne.
Évolution de la tache urbaine
Installée en fond du Golfe du Morbihan, Vannes est donc d’abord une ville portuaire de taille modeste nichée entre trois collines. La fin du XVIe siècle verra la fin de grands travaux doublant la superficie de la cité et donnant à l’enceinte fortifiée l’aspect général qu’elle a aujourd’hui.
Le XVIIe siècle voit la ville se transformer fortement : le chenal rectiligne est construit, les terrains vaseux qui bordaient l’estuaire sont comblés, un jardin public est conçu sur le sommet de la colline de la Garenne. L’extension urbaine est conséquente, due à la délocalisation du parlement de Bretagne de Rennes vers Vannes, induisant la construction de nombreux hôtels particuliers.
Le XVIIIe siècle voit apparaître différents faubourgs et un agrandissement des quais.
Au cours du XXe siècle, Vannes s’est largement développée, comme de nombreuses villes. Cette évolution urbaine s’est caractérisée par un étalement urbain conséquent, à l’est et à l’ouest notamment.
La deuxième carte ci-dessus est plus significative, on voit l’ensemble de la tâche urbaine de l’agglomération et les pôles de construction avec les communes environnantes. La vallée du Vincin est relativement construite même si elle garde des caractéristiques très naturelles. On voit également une multiplication de petites zones bâties fractionnant le territoire.
Vannes comporte une importante diversité paysagère : espaces urbains anciens, récents, quartiers d’habitations, le golfe du Morbihan et ses espaces attenants, mais aussi des vallées, des marais, des landes, ainsi qu’un bocage riche et des boisements.
Des espaces intra-muros de qualité et un patrimoine historique fleuron de la ville
Les remparts de Vannes constituent un élément majeur du paysage de la ville. Il s’agit de l’un des rares témoignages de fortifications urbaines encore subsistantes en Bretagne. Les plus anciennes parties datent de l’époque romaine. Elles ont été remaniées à plusieurs reprises au cours du Moyen Age et ensuite. Progressivement abandonnées à partir du XVIIe siècle et partiellement détruites au XIXe siècle, elles sont désormais protégées par leur classement au titre des Monuments historiques.
Les espaces de glacis des remparts ont partiellement été aménagés en parcs urbains. Ce jardin à la française, conçu en 1950, articule et met à distance la ville intra-muros et les remparts des extensions ultérieures. Il met en valeur les anciens lavoirs et la Marle, apparente à cet endroit. Ce jardin participe ainsi à la lecture de la ville et se prête à de nombreux usages : promenades, concerts, événements festifs et culturels etc.
La relation à l’eau de cette partie de la ville est forte, comme en témoignent les anciens lavoirs :
La rue apparaît comme une rupture franche entre les deux espaces de jardins. Il pourrait être envisagé de travailler le sol différemment à certains endroits pour fluidifier et encourager les communications piétonnes entre ces deux espaces.
Vers le Golfe, des entités liées à l’eau : le port / le parc du Golfe / l’île de Conleau / l’embouchure du Vincin
On peut lire ces entités comme une seule, elle sont cependant composées de paysages diversifiés tant par le découpage de la côte que par la topographie, les végétaux ou encore le type et le mode d’implantation du bâti. Il s’agit d’un paysage représentatif de Vannes.
la rivière de Vannes et le port
Le port est l’un des lieux les plus réputés de Vannes, l’entrée de ville pour les marins, et un paysage urbain renommé. Jusqu’au XIXe siècle, le commerce maritime est une des ressources principales de la ville. Cependant, à cause de l’envasement du lit de la Marle, le port n’a cessé d’être modifié et aménagé au fil du temps, modifiant ainsi son paysage.
Le recul progressif du rivage a repoussé le port vers le sud. Aujourd’hui, l’originalité de sa configuration tout en longueur et sa proximité immédiate du centre historique en font un atout majeur pour l’image et le cadre de vie de la ville. La rivière de Vannes, maîtrisée et aménagée, espace très structuré spatialement, constitue un paysage portuaire de qualité en milieu urbain.
Sa composition reprend l’écriture et la composition d’un jardin à la française : depuis la porte Saint-Vincent et la place Gambetta, on assiste à une mise en perspective de la pièce d’eau du port. Celle-ci devient l’axe de perspective majeur à partir duquel s’ordonnent symétriquement les allées constituées par les promenades longeant les quais et des alignements d’arbres. Il s’agit notamment des alignements qui restent sur la Rabine, créée en 1712 dans un souci d’embellissement. Cette allée plantée est prolongée par la suite au fur et à mesure de l’aménagement des quais. Au loin s’ouvre progressivement le paysage du plan d’eau, cadré par le coteau particulièrement marqué de la rive gauche du port.
le parc du Golfe
Le parc du Golfe est situé dans la continuité directe du port sur sa rive droite. Il s’agit d’une vaste étendue de terre artificielle gagnée sur la mer à l’embouchure de la rivière de Vannes sur le golfe du Morbihan. Cette position « de tête de proue » lui confère un statut et une visibilité importante depuis le golfe.
« Arrière de ville », espace résiduel où l’on a implanté les infrastructures de grande ampleur pour lesquelles on ne trouvait pas de place ailleurs, cet espace présente aujourd’hui un paysage plat dont l’identité est en cours d’émergence, grâce notamment à un travail sur la végétation.
L’urbanisation du parc du Golfe, constituée quasi exclusivement de bâtiments d’activités, en fait un lieu peu qualitatif : les vocations des bâtiments sont parfois peu compatibles entre elles (activités de loisirs, parc d’exposition, chantiers navals, etc.) et l’architecture des bâtiments, basique et standardisée, réalisée sans prise en compte du contexte paysager environnant du golfe banalise l’image du lieu.
De plus, la priorité accordée à l’usage de la voiture prédomine sur les relations au paysage et au cadre bâti environnant. Les bâtiments s’implantent en milieu de parcelle et déploient de vastes étendues de parkings aériens.
Le travail de végétalisation et de paysagement des aires de parkings permet de structurer l’espace en créant des plans successifs offrant une profondeur au champ de vision, en fractionnant visuellement certains grands volumes.
L’île de Conleau.
L’île de Conleau présente une composante originale et importante dans le paysage vannetais. Située à l’embouchure de la rivière du Vincin, en face de la passe de Port-Anna, cette petite presqu’île offre l’un des paysages les plus maritimes du littoral vannetais avec de beaux panoramas sur l’espace du Golfe.
L’île de Conleau est reliée au continent par une digue-route depuis 1879. Cette infrastructure a permis son développement actuel malgré un envasement (difficulté de circulation des sables).
Sorte d’« espace de villégiature en miniature », Conleau est aujourd’hui ressentie comme un quartier à part entière de Vannes et constitue l’un des sites de promenade préféré des Vannetais.
La rivière du Vincin : une vallée, des vallons, une unité géographique.
La rivière de Conleau (ou le Vincin) sert de limite naturelle entre Vannes et la commune d’Arradon. Long de 5 km, ce bras de mer est envahi à marée montante jusqu’au quartier de Campen. Large dans la partie aval, elle devient plus étroite et plus encaissée vers l’amont.
Dans son écrin de verdure, elle présente un paysage pittoresque. Il s’agit d’une interface avec l’eau constituant un paysage riche, changeant au gré des saisons, offrant aux vannetais et aux promeneurs une fenêtre ouverte sur le golfe.
La rivière et ses abords composent un espace naturel péri-urbain de qualité assurant une transition douce entre l’espace maritime et l’arrière pays. Elle alterne des zones découvertes et des endroits plus abrités sous le couvert des arbres que l’on peut pratiquer par de petits sentiers.
Plus haut vers le nord, le coteau est habité par une urbanisation pavillonnaire sous le couvert de boisements.
Le Vincin possède plusieurs affluents dans son embouchure. Ceux-ci ont modelé des vallons : les vallons de Kercado et de Campen notamment.
Le vallon de Kercado a déjà été aménagé dans sa partie amont en parc paysager. En aval, le vallon en friche a été acquis par la ville.
Le vallon de Campen est une entité très boisée et en cours d’enfrichement constituant une zone tampon entre Bernus et Campen.
Le Sud-Ouest : un urbanisme maintenu par la rivière du Vincin et les vallons Les secteurs de Cliscoët et Kercado
Le quartier de Kercado, avec Ménimur, est l’une des opérations de grands ensembles de Vannes. Kercado est un quartier disposant aujourd’hui d’un bon niveau d’équipements et d’un cadre paysager de qualité, notamment par le parc paysager reliant le quartier au littoral par le vallon.
Le secteur de Cliscoët constitue l’une des principales opérations urbaines des années 1980 sur Vannes. Elle a consisté en l’urbanisation de l’un des derniers grands espaces vacants à l’Ouest du centre.
Il s’agit d’un quartier proche du littoral s’octroyant le maintien d’un espace tampon paysager avec celui-ci. Cet espace paysager, en articulant le quartier avec le littoral, limite l’impact de l’urbanisation sur ce dernier.
La mixité des typologies d’habitats et l’enchaînement des espaces publics font de ce quartier un lieu agréable de Vannes.
Des lisières urbaines incertaines
Le Nord de Vannes s’est essentiellement urbanisé après la Deuxième Guerre mondiale avec la création du quartier de Ménimur dans les années 1960 puis par le développement de zones pavillonaires (Saint-Guen, Coëdigo, Malentant etc.).
La voie D 767 apparaît encore comme limite de l’urbanisation vers l’ouest et la vallée du Meucon même si quelques poches d’habitat pavillonnaire et une zone artisanale l’ont franchie.
Les paysages de la zone Nord de Vannes se caractérisent notamment par un développement urbain marqué le long des routes et des voies de dessertes.
Le ruisseau du Bilair crée une coupure verte entre Ménimur et Saint-Avé. Au delà de Saint-Avé, le vallon du ruisseau du Lihuanen puis le début des reliefs des Landes de Lanvaux constituent une limite d’urbanisation.
Les grandes zones d’habitat pavillonnaire et d’activité
L’Ouest et l’Est de l’agglomération vannetaise sont marqués par un étalement de zones d’activités. En effet, Vannes s’est étendu sur le tissu rural à l’appui de la RN 165 et des deux grands axes structurants que sont la route vers Ploërmel et celle vers Pontivy.
La traversée de Vannes par la RN 165 offre ainsi un paysage de zone d’activité quasi continue. La monofonctionnatilité, la monotonie, et l’organisation anarchique des éléments architecturaux altèrent la perception que l’on peut avoir de la ville. Il s’agit d’un paysage peu attractif, qui présente des limites floues entre la ville et les espaces agricoles et naturels environnants. La traversée offre peu de points de vues sur le grand paysage et aucun sur le golfe. Après la première frange d’urbanisation par zones d’activités le long de la voie RN 165, une urbanisation par zones de logements pavillonnaires a pris place.
Cette voie de contournement de Vannes est ainsi peu valorisée. Elle a un rôle ambivalent : elle est à la fois un lien et une fracture dans la lecture urbaine de la ville.
Le Sud-Est Le coteau de la rivière de Vannes
Il s’agit d’un coteau particulièrement marqué sur la rive gauche du port où l’habitat s’organise en gradin à flanc de coteau en dominant le port et ses abords.
Le PIBS (Parc d’innovation de Bretagne Sud) et l’UBS (Université de Bretagne Sud)
Ce parc d’activités tertiaires et technologiques de Vannes communique sur une image moderne et de haute technologie. Il se situe sur le relief de Kerinos et domine l’embouchure de la Marle. Cette position lui confère une visibilité importante depuis le Golfe.
La bande située entre le quartier de Tohannic et Séné constitue un espace agricole et naturel de qualité qu’il convient de préserver d’expansions urbaines sporadiques (le long des voies de communication notamment).
La pénétrante verte depuis Plescop
Elle forme une interface entre l’espace urbanisé et le bocage. Les berges plantées de la vallée du Meucon constituent un accompagnement paysager de l’eau de qualité.
Une attractivité forte et des continuités naturelles précarisées
Préfecture, ville universitaire, historique et dynamique, Vannes et ses alentours bénéficient d’une attractivité forte. Par son dynamisme et son activité économique, la ville exerce une influence importante sur le développement des communes environnantes couplée, pour certaines, à une attractivité de la côte littorale.
Saint-Avé, Plescop et Meucon au nord, Arradon et Ploeren à l’ouest, Theix et Séné à l’est et au sud subissent ainsi une pression foncière conséquente. Le développement de ces communes s’effectue le long des voies de communication et par un étalement urbain embuant la lisibilité des structures paysagères et des limites urbaines.
On peut constater que la grande majorité des espaces boisés et naturels des abords de Vannes sont fortement fragmentés par l’étalement urbain. La perception des paysages est fractionnée et leur lecture en est parfois rendue difficile.
L’accueil des populations doit s’effectuer en cohérence avec les capacités du territoire et dans des limites identifiées et valorisées. De fait, il semble primordial que le phénomène de péri-urbanisation bénéficie d’une approche pluri-communale
Les modalités d’applications de la loi Littoral concernant les coupures d’urbanisation, ajoutées aux outils de protection des espaces naturels (Natura 2000) garantissent la préservation des beaux enchaînements de paysages de la mer et de la terre, notamment grâce à la présence des rivières et des vallons qui permettent de fixer des limites à l’urbanisation.
Conforter le rôle structurant des vallons
Dans l’ensemble, les vallons sont à considérer comme un élément de structure urbaine et de ses ambiances, d’autant que l’éloignement des rivages se fait vite ressentir passé la place Gambetta. Ils peuvent apporter la qualité d’ambiances de paysages naturels au cœur de la ville, et proposer d’intéressants parcours urbains entre les quartiers et vers le nord. Ainsi, au nord-ouest, le vallon du Meucon, dit vallon de Kermesquel, est en mesure de constituer pour l’agglomération un paysage de référence, à condition toutefois de mieux organiser la continuité des espaces vers le centre ville. De même, le Bilair, désormais inscrit à l’intérieur de l’agglomération, contribue à distinguer Vannes de Saint-Avé.
A partir de la place Gambetta, centre de la ville et de son paysage, ces parcours guidés par les ruisseaux se prolongent par ceux des rivages du golfe.
Préserver la couronne agricole
Une couronne de cultures très intéressante enserre Vannes, elle est lisible sur les rivages par les interruptions évoquées plus haut, et se poursuit autour de la ville, y compris au nord. Malgré l’étroitesse du site et la proximité des reliefs des Landes de Lanvaux, une belle continuité cultivée reste marquée entre Meucon et Saint-Avé, et s’avère précieuse.
Les limites de l’agglomération donnant sur la couronne cultivée sont à préciser et à traiter, en particulier au sud, entre Vannes et Séné, au nord d’Arradon, mais aussi sur les franges est, ouest, ainsi qu’au nord de Saint-Avé.
Améliorer la traversée par la N 165
L’Est et l’Ouest sont fortement marqués par la RN 165 et les vastes zones d’activités et de commerces qui l’accompagnent. Indissociables dans les perceptions, la route et les zones forment un ensemble très important pour le paysage vannetais. C’est pourquoi il semble nécessaire de l’intégrer en créant des points de vues intéressant, des seuils entre les différents quartiers qu’elle traverse, des séquences...
La traversée de l’agglomération par la route a plusieurs effets.
C’est un point de vue très fréquenté, qui contribue donc à l’image de la ville. Cette image a besoin d’être améliorée, notamment par le traitement des interfaces entre la route et les zones développées de part et d’autre et qui nécessite un programme d’intervention de type « boulevard urbain » ou similaire.
C’est une coupure territoriale. L’exemple de Kermesquel est un des plus marquants : entre le vallon naturel et la ville, la route forme (avec la voie ferrée) une coupure infranchissable, qui nécessite une passerelle pour que le site naturel puisse être accessible autrement qu’en voiture et s’inscrive plus nettement dans l’espace public. A d’autres endroits, les continuités de l’espace public sont à assurer, notamment pour les piétons et les cyclistes, et tout particulièrement au droit du passage des ruisseaux.
C’est une limite, dans la partie à l’est, entre la ville et la campagne, qui nécessite un traitement spécifique renforçant ce rôle structurant.
Les zones d’activité marquent l’image de la ville par l’espace qu’elles occupent le long de la voie, mais aussi et surtout parce qu’elles en constituent les principales entrées. Les RN 165 et 166 sont en effet les principaux moyens d’accéder à Vannes. Le traitement de ces seuils urbains est lui aussi essentiel à la lisibilité et à l’image de la ville dans sa relation avec son environnement naturel et cultivé.
Reconquérir les points de vue depuis les reliefs
Les reliefs des Landes de Lanvaux sont le paysage « mal connu » de Vannes, où les regards se polarisent sur le golfe. Pourtant, les reliefs sont parfois perceptibles comme horizon, et représentent une intéressante opportunité. Les rebords offrent également des positions de belvédères potentiels, qui restent cependant à organiser (accès, dégagement des vues), pour embrasser les vues sur la ville et son site.
Des limites urbaines à clarifier
La position en limite urbaine est une position rare et spécifique : elle permet de profiter des vues sur le paysage ouvert et doit participer à la création d’une « façade » ouverte sur le paysage. Un travail spécifique doit s’effectuer sur ces lieux « charnières » : ils doivent être considérés comme des espaces en eux-mêmes ayant leurs spécificités (motifs, ambiances paysagères et urbaines et structure paysagère à valoriser ou conforter).
Il s’agit d’assurer une transition, de créer une limite claire et lisible entre les quartiers périphériques et les espaces naturels et agricoles environnants. Il s’agit de considérer la limite urbaine comme un espace en soi avec son identité, ses usages propres et ses ambiances. Pour cela, plusieurs pistes d’actions peuvent êtres envisagées, notamment : constituer des amorces de continuités paysagères et de continuités urbaines ;
travailler sur une densité du bâti relative afin de préserver de vastes espaces paysagers articulant les espaces agricoles environnants ;
aménager des espaces publics pour les loisirs et des chemins pour la promenade en ceinture urbaine ;
maintenir et rénover les espaces agricoles en périphérie urbaine.
Paysages de littoral
Sur les franges littorales où la pression foncière et urbaine sont fortes, il conviendrait de : différencier les formes urbaines en présence et préserver les coupures vertes en les renforçant afin d’offrir des vues sur le littoral depuis les terres ;
maîtriser les extensions urbaines en direction du littoral en travaillant sur la notion de co-visibilité entre l’espace maritime et les terres. Traiter le paysage côtier comme un espace pour lui même ;
protéger, valoriser et maintenir ouvertes les zones humides littorales (marais...), mettre en valeur leur richesse biologique ;
maîtriser la qualité paysagère des traits de côtes perçus depuis les plans d’eau, travailler les continuités visuelles vers l’intérieur des terres et leurs effets de perspective, ainsi que la qualité architecturale du front de mer.
Paysages intérieurs Considérer les boisements comme des éléments de constitution et d’enchaînement des paysages. Les grandes haies bocagères orientent les vues et sont à utiliser comme support d’urbanisation lorsque celle-ci est rendue nécessaire ;
Préserver les terres agricoles et le bocage péri-urbain, élément d’articulation et de liant entre les différentes zones d’urbanisation ;
Gérer le paysage le long des grands axes de communication (risque de banalisation) ; encadrer davantage les zones d’activités dans des projets paysagers d’ensemble, intégrant composition urbaine, traitement des abords, et réglementation architecturale ;
maitriser les extensions urbaines le long des voies, marquer clairement les "seuils urbains".
Quelques points clés Le parc du Golfe constitue un enjeu paysager important pour Vannes : à la fois en termes d’image depuis le golfe par son positionnement à l’embouchure de la rivière mais également en termes d’articulation et de continuité paysagères entre le port et l’entité formée par l’embouchure de la rivière du Vincin et l’île de Conleau ;
Le bord de ville sur les polders reste encore à optimiser, ce qui offre à Vannes une opportunité de mieux s’inscrire dans les paysages du golfe ;
Conserver un équilibre aux abords du Vincin entre « parc urbain » et fermeture par une végétation trop conquérante ;
Préserver les vallons de Kercado et Campen et les mettre en valeur afin de servir d’interface paysagère (coulée verte) entre les quartiers d’habitation et le littoral ;
Dans le vallon du Bilair, la limite entre les espaces bâtis et non bâtis constitue un enjeu de paysage important. Il s’agit de renforcer la lisibilité de la limite de l’urbanisation ;
Prêter attention à l’usage et au statut de la digue de l’île de Conleau qui constituent un enjeu majeur pour la valorisation paysagère et l’usage de l’île ;
Préserver l’espace de culture et de bocage séparant Vannes de Plescop et le mettre en valeur. Il conviendrait d’articuler les arrières de ville aux paysages bocagers environnants.
[1] La Notitia Dignitatum
[2] La carte de Peutinger est l’ancêtre des cartes routières. Elle couvre tout l’empire romain et même au-delà vers la Chine. C’est une reproduction, faite à la fin du XIIe siècle, d’une copie réalisée vers 350, dont l’original est encore plus ancien. Cette carte a été découverte au début du XVIe siècle, à Worms. Elle a été confiée à Konrad Peutinger, contemporain d’Erasme, qui la publia.